L'UTOPIE
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sités, aux commodités et meme aux.plaisirs de la
vie, j'entends les plaisirs fondés sur la nature et
la vérité.
»
Or, ce que j'avance est prouvé, en Utopie, par
des faite. La, dans toute l'étendue d'une ville et
son territoire,
a
peine y a-t-il cinq cents individue,
y compris les hommes et les femmes ayant l'age
et la force de travailler, qui en soient exemptés
par la loi. De ce nombre sont les syphograntes ;
et cependant ces magistrats travaillent comme les
autres citoyens pour les stimuler par leur exemple.
Ce privilege s'étend aussi aux jeunes gens que le
peuple destine aux sciences et aux lettres sur la
recommandation des pretres et d'apres les sufl'rages
secreta des syphograntes. Si l'un de ces élus trompe
l'espérance publique, il est relancé dans la classe
des ouvrie:rs. Si, au contraire, et ce cas est fréquent,
un ouvrier parvi'ent
a
acquérir une instruction
suflisante en consacrant ses heures de loisir a ses
études intellectuelles, il est exempté du travail
mécanique et on l'éleve a la classe des lettrés.
»
C'est parmi les lettrés qu'on choisit les ambas·
sadeurs, les pretres, les tranihores et le prince,
appelé autrefois
barzame
et aujourd'hui
ademe.
Le
reste de la population, continuellement active,
n'exerce que des professions utiles, et produit en
peu de temps · une maese considérable d'ouvrages
parfaitement exécutés.
»
Ce
qui
contrihue encore a abréger le travail,
c'est que, tout étant bien étahli et entretenu, il
y
a
hea~coup
moins
a
faire en 1!topie que chez
nous.
»
Ailleurs, la construction et la réparation des
batiments exigent des travaux continuels. La rai–
son en est que le pere, apres avoir hati
a
grands