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V
o y
A
G
E
quelq~es
heures,
en
faifant parade
de la viteffe
de
leurs chevaux
&
de leur adreífe
a
les
con~
duire.
Je
fuis forcé d'avouer que
je
n'ai rien
vu
de plus noble
&
de plus
n1ale
que ees gens-la.
Leur corfage efr grand
&
ne ·veux ; íls courent
ventre
a
terre' ayant leur fufil le long ·de l'a–
vant-bras ,
&
une co iverture ou une piece
de drap
en
.écharpe flottant . au gré du vent
que caufe la rapidité de leur courfe; tout le
refl:e
du corps eíl: pref
gue
nu ; les belle íl:a–
tues équeíl:res de nos Rois donnent une idée
· de ces Sauvages.
Quc::lques-nns ,
d'un carac–
tere lus tranquille , portoicnt en croupe leurs
fe1nn1es
&
leurs filies, que la pudeur engageoit
a
éviter nos regards
&
a
fe
f
errer éonue leur
·conduB:eur. Ils nous marquoient, par !a brié–
.veté de leurs vifites, cambien ils étoient peu
fatisfaits de leur curiofité.
Fa~on
d'a·
Huit jours apres' nous arrivames
a
la
riviere
~~~e:r
ª&
g~~
de la Trinité , guéable , quoiqu'avec beau–
Ies
rivier~
coup de ·courant,
&
ayant enviren deux por–
difÍiciles
~
rapides.
tées de fuíil de largeur. L' on prend la précail.-
tion de former trois files , en mettant les betes
de charge au milieu ,
&
les Cavaliers des deux
cotés ; par ce mayen
ils
rompent le courant
f
upérieur ,
&
retiennent dans la partie infé–
rieure ceux qui , fans cette précaution, céde–
roient
a
fa
rapidité.
Lorfqu'il s'agit de def-