Table of Contents Table of Contents
Previous Page  358 / 902 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 358 / 902 Next Page
Page Background

34z

AME

M . le Page, bien loin de contredire ce voyage de

:Moncachr-Apé, en

a

donné

un ext

rait dans fon ou–

vrage. Or

M.

Dumonc

a,

dit.on

, demeuré vin–

gt-dcux ans dans ce pays : il

n'auro

ic done pas man–

qué de: reprcndre

M .

le Page ,

fi

celui-ci n' avoit con–

té qu'une fable.

2 °.

J'obíerve en fccond lieu que,

Ji

elle a été

fa–

briquée l?ªr

t\n

Europécn, i!

fa ut avouer qu'il s'eíl:

fo rpaffé toi-méme.

On ne

íauroit imiter mieux

l:i

lim–

plic ité du récic d'un homme rouge , une narration auf–

fr

conforme

a

fon génie.

&

des circonfiances mirnx

:idaptées

a

Ja narration ; circoní1ances peu convena–

bles pour un récit d'Europétn,

&

qui le fon t par–

faitemcr:t a un de ces hommes íenfés, que nous nom–

rnons

fouvages.

En fin, tout íemble convaincn:: un kél:eur

non prévenu que c'c:f1 Moncacht·Apé-lui.meme qui

en elt l'auceur,

&

que M. le Page n'a pas cherché

~

en impokr au publ ic.

3°. M.

le

Pagt: alfore, que ce fauvage étoit connu

chez ces n3tÍons Jous le nom de

Mrncacht-.llpi;

qui

úgnifk,

ttn

bomme

q11i

tue

la

pein~,

ou la fatigtte, par–

ce qu'il étoic infatigable pour ks voyages , ceux-me–

me

de plufieurs án nét:s. Les Fran<;ois avoien t un pofte

chez .Jes Nacchez,

&

cet homme n'en

d~meuroi c

qu'a

c¡uarante

lieues. Si done ce récic éroic controuvé , ·

il

eíl:

impoflibk que perfonne n'en euc découvcrc la

fauffeté. Ce n'eíl: pas que je l'adopte en enticr, fau –

te de favoir

les

longirudes

&

les

laritudes ; aufli

c'eíl: uniquement par conjecrnre que j'ai déttrminé

fa

route fur ma carte.

//oyez

les carees g¿ographiques de

ce

Supplément

,

1 .

On verra

a

l'anicle CALJFOR NIE, (

dt111s ce

S11p–

plémml )

,

nos idées fur

les pays ficués a fo n ouell: ,

nord

&

nord-e!t; la relation dc Moncachc.Apé ne

doi t fervir qu'a prouver plus amplement mon alfer–

tion fur la largeu r immeníe de

l'.llmérique

íepcentrio–

nale, touc comme cdle du P. Charlcvo1x

~es

deme

femmes du Canada rrncontrées dans

la T arcarie ,

qui atforoient y avoi r été conduites de nari on en

nation par terre ,

a

l'exception de quclques petits

tr~jccs

par mei.

On peut voir dans mes

Mémoires

&

Obfervations

géographiques

&

critiques fur

la

ji1uation des pa)'S

ft–

ptmtrio11a11."

de

l'

Afie

&

de

/'

,1mirique

,

inprimés a

L aufanne en

i

765 ,

in-4º , des fa its dlemiels qui vien–

nen t

a

l'appui de ce que j'écablis ici. La narure de

ce

Supplémenl

ne pcrmcc pas de nous éccndrc

d ~ van­

tage. Ajourons quelques idées particul ieres fur ce grand

nombre de nations

peu ou poi ne connues.

On jugara fa cilemenc par ce que j'en ai déja dit en

palfant ; que je crois

le • vaíl:e cont inent de

l'

d111éri–

q11e

feptentrionak habiré par des

p~ u p les

innombrables ,

parmi lefquels pl ufieu rs fonc tres-civilii¡;s. Nous con–

noilfo os quam:

de

ces peu ples tres.diftinéh les uns de$

abtres ,

&

il ne fau c pas douter qu'il ne s'y en trouve

davantage. Quelques-uns alfu renc que fu r

h:

grand lac

des Mi[laffins au nord du fle uve Sai nr-L aurcnt ,

&

a

l'elt du fond de la baie d' Hlldío n, lac qui fe crou–

ve íur toures les cartes , excepcé fur les plus nouvel–

lcs ; que , dis-je ' allx environs de ce lac

&

dans les

p ays voifins , fe trouvent auffi des peu ples plus civilifés .

que leu rs voifins .

Le baron de la H ontan dit qu'il av.¡ic trouvé les

EokorITT

fu r la parcie orientale du Miffiffipi,

&

al–

liés des Outagamis , au cacé oppofé ,

moin~

ía uva ges

que taus les ;meres qu' il avoi c vus; que ks Elfana–

pés l'étoient encore moins; que les Gn adi tarcs les íur–

p affoicnt en polití!Te ; que k s Mozemlt!ts regardoient

ceux-ci commc barbares ,

&

que ccux-ci paroiffoirn t

ctre furpaffés par les T ahuglanks. L'expérie nce

ce

rous

les fiecles

&

de

tous les lieux , prouv e qu'il en cíl:

toujours de meme. La barbarie augme nce

&

diminue

chez les ptUples de diltance e

n dir

tance. Nous voyons

que les EJquimaux, les Cara

"ib.es

,

&,.

qui íonc les

pl us éloignés vers l'<lt , fon r

les p

lus barbares. On

doit done j uger que dcpuíS k s T ahuglanks vers k s bor-

AME

ds

de la mer ,

.¡¡

y

a

beaucollp de natiol\S qui

le

foot

plus ou moins : la rclation de Moncacht -Apé le prou.

ve

¡

&

fi

on veut rejetter fon témoignage

&

celui de:

I~

Hoa can, on admeccra pourtant la rdation qu'on

a donnée des tetes pelées

&

des hommes barbus, de

méme que de ceux qui vcndoient déja du tems d'

Efpejo aux habi caos du nord du nouveau Mexique,

des marchandiks inconnues aux fauvages. Et

M.

de

Bourgmont, done on ne peut révoquer en dou te la

r~adon

dónnée par M.

le Page du Pra:i , a auffi

t rouvé ks nacions plus douces , plus polies , plus in–

génieuf~s,

a

mefure qu'i l s'ert avancé vers

l'oudt

:

le

P.

Charkvoix, qui a parcouru tout le Canada, .

&

s'eíl: informé exaél:emenc de ce qu'il n':i pas vu,

a

~té

fi frappé de

ce

-qu'il apprenoit de la maniere:

pol icée dont quelques nacions vivoienr, que, ne pou–

vant pas le concilier avec l'idée qu'oo

té:

forme de

ce qu'on nomme

fa1wages

,

il

a

éré perfuadé qu'au

nord

du nouvrau Mrxique, il

fe

Cíou voit

d~s

co–

loníes d'Efpagnoles

011

d'autres Européens,

a

nous in–

coonues; tout ceci ne donne pas peu

de

poids

a

la

rc:lation

de

la Hontan , dont il n'étoit pourcant pas

parcifan.

Nous favo ns encoré que les Chichimecas ,

fauva–

ges des plus barbares ,

étoient les habicans origi–

nairés du Mexiquc ; ils onc été chalfé s par les Na–

vaclacas , fortis du nouveau Mexique, qui étoient

moins barbares. lis faifoien t fept nations,

&

vinrcnt

apparemment de l'endroit au oord du nouveau Me–

xique , ou les anciennes carees placent un Jac ,

&

ce qu'ils nomment

ftptem

civitntum

patria

,

&

ou

les carees fuivantes ont placé a-peu .pres les Moqui.

Si x nacions vinrenc les unes apres les autres, la pre–

miere enviren l'an

800

de J'ere chrétienne; troi s cens

&

vingt ans apres la forcic: des fix nacions, vinrent

les Mc:xicains . Toutes ont rcfié longues années rn

chemin,

&

vc:noienc, felon quelques. uns, du nord–

oudl: du nouveau Mexique. Les Mexicaios écant en–

core plus policés que les fix premieres natiqns, de.

voient done lortir d'un peuple qui ne l'étoi t pas moins.

Il

y

a tollte apparence que la grande fécondíté y

a

fouvent expulfé des elfaims de peuplcs, comme ail–

leurs. On faic que cec i efi arrivé entr'aucres chez les

peuples fc:ptentrionaux de !'Afie

&

de l'Eu rope, avant

&

apres !'ere chrétienne ; ou bien ils ont été poulfé'

par des nations plus puilfante5 qui les ont obligés

a

chercher de nouvelles demeures. Pem.étre que !'une

&

l'autre caufe

y

a -eu pare.

Qu'on ne dife pas que

l'Amérique

eíl: péuplée de

barbares ,

&

que par coníéquenc les pc:uples civiliíés

font venus d'ail!eurs. Ne fo rrom-nous pas toes de la

memc fouche? La raifon,

le

génie ne font-ils pas le

partage de tous les hommes, du plus au moi11s ? Il

ne s'agit que de la culrure, comme de celle des ter–

res. Nous voyons mcme par les hiltoires anciennes,

que les

terres

le

plus ferciles

font devenues

fiériles

faute de culture ,

&

qu ' une bonne cu lture: a donné

de la fertili cé au

fo!

le plus ingrac. Les Chinois qui

font fi ingénieux

&

fi laborieux , ne fon t pas une co–

lonie étrangere : il$ ont eu plufieurs in vencions , com–

me cc:l les de la poudre

a

canon, de l'imprimerie,

&c.

avan e les Européens. Les Péruvic:ns, avant

l'arrivée

des Incas , écoient au fli bruts que les

~Troglotlices:

cependanc on voyoic dans lc:ur pays d'aoci::ns éd1fi–

ces qui valoient bien tour ce qui fa ifoi c l'admiratioo

de l'anciqu ité en ce genre, fans pouvoir en découvrir

les auteurs. On fera done convai ncu que des pcuples

encicrs par des révolutions inconnues , font retombés

clons la barbarie, de civil ifés qu'íls éroient,

&

q;ie.

d'aucrc:s en

font forcis

&

ont coníervé Jeurs mceurs ,

&

avancé dans les arts. Pourquoi les Amtricains euf–

frnt- ils été feuls privés de ces avancages de la nature ?

M. de: Guignes voud roit ínfinuer que ks Mexicains

fonc d'origine chinoife, de meme que k s dern iers P_é–

ruviens. Q u'il me permetce de n'é tre pas de foo avis.

11 eft vrai que ces

d~rníers

relfembknt en bien des