L'
AMERIQ.UESEPTENTRIONAL.E.
les Rivieres
a
Ja nage.
Ces Barbares,
qui font
pour
la
pluspart
d'une
taille
excraordinaire,
portoient
nos habits
&
nórre
équipage tur
la tefie,
&
nos
deux
Canoteurs, plus petits que moi, fur leurs
é
aules, parce qu'ils ne favoient pas na–
gcr.
En fortant de l'eau , qui étoit
iourent toute pleine de glaces, parce
que nous tirions toujours vcrs
le
N ord,
a peine pouvois- je me foutcnir.
La
gel e mcmc continuoit cnco1
e
toutes
les nuits dans cctte faiíon la. N ous avi–
ons done les ja.mbc toutes enfanglantécs
des
gl.icc~
que nous rompions a
meru–
re que nous paílions des Lacs ou des
Ri\·iéres a
gay.
Nou:s ne mangions
qu'u
1e
fois en quatrc vjngt hcui es: en–
core n'étoit ce que quelques morccaux
de viande boucannée, que ces Sauva–
ges ne nous donnoienr qu'a r gret.
J'étoit
fi
foible, que je n.e Cuis fou–
vent couché
par
tcrrc, rcfolu de mou–
rir plut&t que de fuivre ces Sauvag s,
qui marchoient d'une vií1:effc cxcraor–
dinaire, laquelle
furpaífe
rnutes ks for–
ces des Europeéns.
A
fin
d,
1
ous
fai–
re háter, ces Barbares mettoient fou–
vcnt le
feu dans les h
t
b s
feches des
prairies par
le~
uelks nons pailions;
ainíi nous etion obligcz
pu
force de
marcher, ou de nous
lailfcr brulcr.
J'avois
un
chapeau ,
für
la
tére
pour me garentir de l'ardeur du Soleil
pendanr
l'été:
mais ie
le laiífai
tomber
bien de fois dans le feu, parce qu'il n'
toit
p
s ferme
fur ma
teíl:c.
C
s Bar–
ba1
es l'en retiroient,
&
me donnoient
la main pour me fauver du feu, qu'ils
avoient
allumé ,
tant
pour h
fi:er.
nótre marche qu'aún
d~a\
e1 cir
leurs
gens de leur retour.
Je dois dire ici,
que
fi
le Picard du
Gay
ne
m'eut íou–
vent
fortifié
dans ce pénible
t. ...
fachcux
voy<1gc ,
j'
ur is indubitablement {uc
combé
a
la
fatigue,parcequ les vívres
&
les forces me
manquoicnt
fi
continuclle·
mcnt
CH A PI T RE LII.
Contejlation des Sawuages far le
partsgt
de nos marcbandifes,
&
de notre
i·
qmpage
a1.:ec
n:es Ornemem facerdo·
te.wx,&
m. Caffitte.
A
Pr
avoir fait enviran foixante
_lieuc de portage,
&
a pres avoir
iouff ~n
la
flim,
la
toif,
&
millc ou–
trnges de la part des Barbares ,
mar–
che jour
&
nuit fans delai, paíle des
L:ics
&
des Riviéres a
gay,
&
fouvent
mémc a
la
nage , comme nous apro–
chions
du
village de ces
peuples, qui
font füuez dans des lieux marécageux,
&
inaccesfibks
a
leurs enllem1s , ils
parragérer
t
entr'eux toutes ks
mar–
ch·md1fes de nos deux Canotcurs.
Peu
s'en
fallut
qu'ils
ne
'enrretuaílenc
pour le ro u lea u Je tabac de la
.Ma1
tini–
gue, qui étoit enc01e d 'en\'iron cin–
qu:mte livres. Ces¡ eup es font plus de
cas du tabac que les Europ 'ens ne font
d ...
l'or.
lis en ont de tres bon
parmi
cux
:
mais celui
que
nous avions
érnit fi bien
filé,
&
.G
bien tourné en
andouilletes,
qu'ils
en étoicnt charmez.
Les plus raifonnables d'entr'eux nous
firent
connoirre par fignes, qu'ils
don–
neroient plufieurs peau de Caftor a
nos deux Canoteurs, pour ce qu 'ils nous
prenoient: mais les autres
pr~ccnd
nt
nous avoir pris comme Efclaves, parce
qu'ils difoient que nous portions
des
armes a Ieurs
ennemis,
foutenoicnt
qu'ils n'étoient
pas
obligez de donner
aucun
1
etour pour les chafes qu'ils nous
prcnoient.
Tout cela fe pa!foit ainfi, parce
que cette bal.lde étoit
compofée
de
d
ux