DE LA FLOR 1 DE.
PAnT.
11.
L1v.
IV.
.z.1i
nvec une écuelle de terre peinte, comme on ks peint
a
MalaíTa. C'efr pour·
quoi ils aífuroicnt que les endroits du pays qu'1ls a\·oient dtcouvert úoient
h.1bit z par des Eli1agnols,
&
que l'écuelle
&
le plat qu'ils avoient aporté en
étoicnt des marques mfa.ill1bles. Le parti de Silveíl:re qui avoit tiré vers le
couchant confirma tout
a
fait cette nouvel\e
a fon
retour; ainfi
qu'1l
fe
ven
a
main·
tenanr. Silveihe
&
fa
trnupc s'étant éloignez d'environ dcmi lieue de Ja mer
&
a\•ancez au dell d'une petite éminencc, découvrirent un étang d'eau douce
de plus d ·une
licue
de long:
&
comme ils aperc;fü ent dans cet étang quarre bateaux
d' lndiens qui péchoient, ds fe coulerent le long de l'eau un
c¡ua1
t
de lieue
a
COU\' ert
de quelques arbres;
&
dans la marche jettant la vúe
'.5ª
&
la,
ils virent:
enviren
a
trois ccns pas de cliflance deux lndicns qui ama{foienr du' fruit fous un ar–
bre que l'on appel1e Guajac. A uffi· tot i'.s
fe
jettent par ten e, les uns d'un cóté,
les autrcs d'un autre,
&
íe
tra1nent
G
adroitement fur le \·entre, que fans étre dé–
couvcrts ils entourent
les
deux Barbates. Alors ils
fo
le\·enr
&
courent
a
cux:
mais malgré toute leur dreíle, il s'cn fauva un qui fe jeua
a
la
nage. Les
Efpagnols réjcuis d'avoir
l~autrc,
rcprirent en d1ligence Ja roure du guanier;
de peur que les habitans de Ja contrée ne s'amaífaílent ,
&
r.e leur fiflent
Jachcr
le
butin gu'ils avoient
fait :
car outre 1 Indico prifonnier, i]s emror–
toient deux co1 bcillcs
pléil:es
de
fi
uit
de
Guajac ,
du
gros
millet ,
un
coq· d'Inde de Mexique
&
cc¡_;x
poullc:; d'Efpagne
3\'CC
un rcu de ccnfervc de
tiges de
Ivlagucy.
Cct
a1
b1
e pouíle des
ti
ges prelque fcmbJables
a
des cardons
qui font trcs-bonnes
a
manger, quand elle ont été expofles au Solei!. Le
l\
1
la–
guey fert aux lndiens de la nouvcllc Efragne a faire du chanv1c, du miel, du
vinaig1e' ils en font
aum
du raifiné par
le
mayen d'une liqueur
fort
douce que
jettem les feuilles en une ccrtaine faifon de l'annéc,
&
101
s gu'ellcs tombent
de l'arbrc. On emp!oie le tronc du l\/iagucy a
b~nir,
mais ce n'eíl: que dans
une éxtrémc neceffité,
&
quand il ne
te
trouvc poinr d'autre oois. Pour re–
venir
a
nos gens, commc ils cntend icnt que leur prifonnier n'avoit dans Ja
bouchc que le mor de I31ccos,
&
qu'ils ne comprenoicnt pas cette parole,
jJ¡
lui demandoicnt par figne
&
autremcnt le nom de la cont1 ée
cu
ils úoienr.
L' I ndien qui les comprcnoit par le mayen de leurs geíles, mais gui ne kur
pouvoit répondrc, repetoit inutilement Brecas, dans la penféc de kur faire en–
tcndre qu'il apartcnoit a un Efpag ol , qu'on appelloit Chriflophe
Brecas·
mais le pauvre
B.ttbare fe courmer:roit inurilcment, puifqu'ol!bliant
le
mot de
Ch1
jfl\.
phe, il n•étoit pas intclligib\e a Silve!he ni a fes compagnons: de for–
tc
que
de d 'pit, ils s'emponoient quelquefois
jufqu'a
lui dire des injures. Cepcn–
dant ils batercnt !cur marche pour rejoindrc les caravcllcs, ou ils
ie
1efe1
voicn
de l'interroger tout a loifir,
&
ou ils rctourne1 ent heureufcment.