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D E L A F L O R I DE.

Ln~.

IV.

95

non qu'ls avoient. Et pour lui montrer l'eftime qu'ils faiíoient de lui par

l'im·

portance de

la

chofe qu'il.5 lui confioient,

le

Général commanda de tirer

un

coup

de

ce

canon

a

un

grand chénc, qui fut renverfé du fecond coup.

Le

Cacique

&

fes fujcts furpris d'un effet qui leur paroiífoit

fi

extraordinaire , temoignerent

que c'étoit veritablement une g1ande marque d'eftime

&

de confiance , que

de

leur laiífer un depot

fi

imponant. Enfuite les troupes prirent la

route

de

la

Province de Cofaciqui ,

&

le Cacique avec fes gens les accompagna. Mais

apres un jour de marche, on le fupplia de ne pas aller plus loin.

11

pric done

congé des Efpagnols, avec mille proteftations de fervice;

il

commanda

a

ceu.k. de

fa

fuite de les embrn1fer,

&

dépécha vers

fon

frere Cofaqui, pour lui

&ire favoir que l'Armée approchoit de

fa

contrée,

&

gu'elle meritoit d'ecre

favorablement re<5Íle. Soto envoya rechercher en meme temps l'alliance de

Cofaqui,

& '

apres fix jours de chemin , il fortit de la Province de Cofa, qui

cft

un pays propre pour

le

betail, tres·fertile

en

gros millet,

&

tres· char–

mant. On

y

rencontre de grandes forets , de beaux fleuves, des plaines, des

mo~tagnes,

&

fur tout des peuples

fort

fociables.

C

H A P 1 T R E

I V.

Cofaqui re;oit les Ejpagnols.

e

Ofaqui ayant appris que les

Chré~iens

venoient fur fes ter:es/ fait prépa·

rer toutes chafes pour les recevoir honorablement ,

&

depeche vers·

le

Général quatre des plus remarguables de fes vaífaux, accompagnez de quantité

d'autres pour l'a1furer de fon obe·iífance. Soto réjou'i de les voir, leur

fit

de

grandes careífes,

&

vint avec eux jufqu'a la premiere

vl\lc, qui

stappelloit Co–

faqui,

du

nom

du

Seigneur

&

de la Province. Comme il s'a procho it de cet

te

place, le Cacique gui etoit dedans en eut nouvelle,

&

fortit au

devant

e lui,

fuivi de pluíieurs de fes fujcts , parez d'arcs, de plumes

&

de mantcs de mar–

tre.

Cofaqui le

falüa

avec reípeét,

&

apres quelques complimens il

luí

con–

firma ce gu'on lui avoit

dit

de

fa

part. Le Général de fon cocé le

re~ut

d'une

maniere fort obligeante,

&

lui promit toute forte d'amitié, en reconnoiffancc

de l'accueil qu'il

luí

foifoit. A leur exemple les Officiers Efpagnols

&

les

Jn.

diens fe fircnt auffi de grandes civilitez,

&

nos gens vinrent dans la ville pleins

de

joye

&

de fatisfaét:i on. Cofaqui au

m~me

temps diílribua fes logis,

&

de

crainte d'incommoder fes nouveaux boíles, il fe retira avec les fiens dans un

village voifin. Mais le lendemain

íl

Yint

faire

fa

Cour,

&

pria ]e Général de

lui dire s'il féjourneroit, ou s'il paíferoit plus loin , afin de mieux prendre fes

mefures pour lui rendre toute forte de fervices. Soto répondit qu'il prcndroit

la route de Cofacigui ,

&

ne s'arréteroit point qu'il n'eut auparavant écé

dans cette contrée. La-deífus

le

Cacique lui repartir qu'elle n'étoit feparée de

la

Province de Cofaqui que par un defert de

fep~

jours de marche; que pour

cel~