D E L A F L O R I DE.
Ln~.
IV.
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non qu'ls avoient. Et pour lui montrer l'eftime qu'ils faiíoient de lui par
l'im·
portance de
la
chofe qu'il.5 lui confioient,
le
Général commanda de tirer
un
coup
de
ce
canon
a
un
grand chénc, qui fut renverfé du fecond coup.
Le
Cacique
&
fes fujcts furpris d'un effet qui leur paroiífoit
fi
extraordinaire , temoignerent
que c'étoit veritablement une g1ande marque d'eftime
&
de confiance , que
de
leur laiífer un depot
fi
imponant. Enfuite les troupes prirent la
route
de
la
Province de Cofaciqui ,
&
le Cacique avec fes gens les accompagna. Mais
apres un jour de marche, on le fupplia de ne pas aller plus loin.
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pric done
congé des Efpagnols, avec mille proteftations de fervice;
il
commanda
a
ceu.k. de
fa
fuite de les embrn1fer,
&
dépécha vers
fon
frere Cofaqui, pour lui
&ire favoir que l'Armée approchoit de
fa
contrée,
&
gu'elle meritoit d'ecre
favorablement re<5Íle. Soto envoya rechercher en meme temps l'alliance de
Cofaqui,
& '
apres fix jours de chemin , il fortit de la Province de Cofa, qui
cft
un pays propre pour
le
betail, tres·fertile
en
gros millet,
&
tres· char–
mant. On
y
rencontre de grandes forets , de beaux fleuves, des plaines, des
mo~tagnes,
&
fur tout des peuples
fort
fociables.
C
H A P 1 T R E
I V.
Cofaqui re;oit les Ejpagnols.
e
Ofaqui ayant appris que les
Chré~iens
venoient fur fes ter:es/ fait prépa·
rer toutes chafes pour les recevoir honorablement ,
&
depeche vers·
le
Général quatre des plus remarguables de fes vaífaux, accompagnez de quantité
d'autres pour l'a1furer de fon obe·iífance. Soto réjou'i de les voir, leur
fit
de
grandes careífes,
&
vint avec eux jufqu'a la premiere
vl\lc, qui
stappelloit Co–
faqui,
du
nom
du
Seigneur
&
de la Province. Comme il s'a procho it de cet
te
place, le Cacique gui etoit dedans en eut nouvelle,
&
fortit au
devant
e lui,
fuivi de pluíieurs de fes fujcts , parez d'arcs, de plumes
&
de mantcs de mar–
tre.
Cofaqui le
falüa
avec reípeét,
&
apres quelques complimens il
luí
con–
firma ce gu'on lui avoit
dit
de
fa
part. Le Général de fon cocé le
re~ut
d'une
maniere fort obligeante,
&
lui promit toute forte d'amitié, en reconnoiffancc
de l'accueil qu'il
luí
foifoit. A leur exemple les Officiers Efpagnols
&
les
Jn.
diens fe fircnt auffi de grandes civilitez,
&
nos gens vinrent dans la ville pleins
de
joye
&
de fatisfaét:i on. Cofaqui au
m~me
temps diílribua fes logis,
&
de
crainte d'incommoder fes nouveaux boíles, il fe retira avec les fiens dans un
village voifin. Mais le lendemain
íl
Yint
faire
fa
Cour,
&
pria ]e Général de
lui dire s'il féjourneroit, ou s'il paíferoit plus loin , afin de mieux prendre fes
mefures pour lui rendre toute forte de fervices. Soto répondit qu'il prcndroit
la route de Cofacigui ,
&
ne s'arréteroit point qu'il n'eut auparavant écé
dans cette contrée. La-deífus
le
Cacique lui repartir qu'elle n'étoit feparée de
la
Province de Cofaqui que par un defert de
fep~
jours de marche; que pour
cel~