L'UTOPIE
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»,
mais le prix n'en a pas baissé pour cela ; parce
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que si le commerce des laines n'est pas un mono–
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pole légal, il est en réalité concentré .dans les
»
mains de quelques riches accapareurs, que rien
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ne presse de vendre et
qui
ne vendent qu'a de
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gros bénéfi.ces.
»
Les autres especes de bétail sont devenues
)) d'une cherté proportionnelle par la meme cause
»
et par une cause plus puissante encore, car la
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propagation de ces animaux est completement
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négligée depuis l'abolition des métairies et la
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ruine de l'agriculture. Vos granda seigneurs ne
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soignent pas l'élevage du gros hétail comme celui
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de leurs moutons. Ils vont acheter au loin des
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betes maigres presque pour rien, les engraissent
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dans leurs prés, et les revendent hors de prix.
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J'ai bien peur que l'Angleterre n'ait pas res–
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senti tous les effe'ts de ces déplorables abus. Jus–
»
qu'a présent, les engraisseurs de betes n'ont causé
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la cherté que dans les lieux ou ils vendent ; mais
)) a force d'enlever le hétail la ou ils l'achetent,
»
sana lui donner le temps de multiplier, le nombre
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en diminuera insensiblement et le pays fi.nira par
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tomber dans une horrible disette. Ainsi, ce qui
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devait faire la richesse de votre ile en fera la
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misere, par l'avarice d'une poignée de misérables.
ii
Le malaise général oblige tout le monde a res–
»
treindre sa dépense et son domestique. Et ceux
)) qu'on met a la porte, ou vont-ils
?
mendier ou
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voler, s'ils en ont le creur.
»
A ces causes de misere vient se joindre le luxe
>>
et ses folles dépenses. Valets, ouvriers, paysans,
>>
toutes les classes de la société déploíent un luxe
»
inoul de vetements et de nourriture. Parlerai-je
»
des lieux de prostitution, des honteux repaires
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