AC A
p eneur d u légume p ar un filet extren1etnent court.
§0alités.
L es fruilles de l'
acacia
machées c nt , ainli
que fon écorce , une faveur
íl:yptique
tres-amere.
11
rend naturellement, fa ns inci lion, de diverfes parties
de fon tronc
&
de fes branches , apres la faifon des
pluies ,
&
vers
le
tems de fa fleuraifon, c'eíl:-a-dire ,
d epuis le mois de (c;ptembre
&
d'oél:obre , u ne gom–
me rougeatre en Jarmes ou en boules, q ui ont de–
p uis fix
ligoes juíqu'a ll n pouce
& .
demi de diame–
tre. Cette gomme eíl: tranfparente & d' une faveur amere.
Ufages.
L es Negres O ualofs du Sénégal fo nt moins
de cas de cen e gomme , a caufe de fó n amertume ,
que de la blanche , dont nous parlerons ci-apres; mais
ils l'emploient par préférence
a
elle dans plufieurs ma–
ladies, parce q u'elle eíl: 1-:aucoup plus aíl:ringente. lis
la
fo nt avaler íeule , ou d ilfouce dans une légere dé–
coétion
dela racine d' une plante malvacée qu'i ls ap–
pellent
la.ff,
non-feulement da ns ks maladies vénérien–
nes , m
ais encore pour arreter les écoulemens les plus
invétérés , ap res a'voir néanmoins favorifé d'abord ces
écoulemens ' ou difpofé le corps a l'aétion de ce re–
m ede par des apéritifs q u'i ls regardent ccmme appro–
priés
a
ces cas , tels q ue
la raci ne d' une argemone ,
&
les branches d'une plánte de Ja fami lle des fola–
nons qu'ils appellent
dimeli
,
&
qui a beaucoup de
r apports avec le
dulcamara
de l'E urope , autrcmenc nom–
m é
'Uigne grimpante
ou
'Uig11e de ] udée.
Cene gomme
p aire encore pour
le fpécifiqlle des débordemens de
h ile & des maladies du foie qu i en fo nt les fui tes :
p ou r cet effet les Sénégalois en boi vent une once Je
rnatin
a
j eCin
&
autant Je foir, d ilfoute dans un de–
m i- feptier de limo nade fai te avec Je tamarin aigll ifé
d 'un peu de fuere qui en releve la fad eur; l'acide d ll
limon eíl:
trap tranchant , trop inc ilif & corrofif ; il
ne rempl iroit pas auffi bien l'objet du tarnarin, qui
cíl: un acide a!hingent : celui-ci tempere J'ardeur de
la bile, pendant que Ja gomme lubréfie
&
fo rme les
plaies du foie ulcéré par Ja chaleur de eme bile ;
cette gomme en adoucit- les douleurs , elle nourrit
mieux q u'aucun confommé , en meme tems qu'elle gué–
r it ; en fi n ce confommé végétal eíl: plus favorable dans
les malad ies bilieufes , que Je con fommé animal; aulfi
les Negres évitent- ils alors toute nourriture tirée des
animaux '
ils
f~
bornent
a
1
celle des végétaux • tds
q ue le riz ,
OU
de Ja creme de riz, Jorfqu e Jeur e!lo–
m ac ne peut pas fupporter davantage. L es N cgres
machent les feu illes de
l'arucia
'
ou )
a
leur défaut'
fon écorce ou fes gou!fes , comme
tin
déterfif aíl: rin–
genr, dans toutes les affrél:ions fcorbutiques. L a dé–
c oél:ion de fes légumes entiers , ou l'infu fion de Jeur
p oudre dans
l'ealt froide , s'emploie dans les mala–
d ies des yeux
q ~1i
ont pour caufe Je relachement des
fi bres. L e parench yme gommeux, q ui eíl: conrinu en–
tre les deux épidermes de fes goulfes, ain li que fo n
écorce inrérieure q ui eft rouge , foit récente, foi t fe–
che ' infofée dans l'eau
a
fro id ou en décoél:ion , don–
ne une teinture
rouge-pale~ -Son
écorce fert particu–
liérement
a
tanner les peaux de mou ton
&
de chev re
en
fa~on
des plus beall x maroquins , dont la perfe–
él:ion e!!: vraifemblablement due aux Sénégalois ou aux
M aures qui fr équentent les bords du N igt r.
R emarques.
Nous fa vons par les anciens ,
&
fur-tout
p ar T héophraíl:e , D iofcoride & P line , que
l'acacia
d 'Arabie
&
d'Egypte rend naturellement une gom–
me ; que l'on retire outre cela de fes gouffes , hume –
él:ées d'eau de pluie , broyées avan't Jeur matu rité ,
&
exprimées , un fue q ui , épailli par la chaleur du fo–
leil ou par l'ébullttion ,
ft:
réduit en malfes arrondies ,
j aunes ou ro_ugt:fttres , dures , s'amollilfan t dans la bou–
c he , d'un goilt auíl:ere peu défagréable , dll poids de
q uatre a huit onces, qu'on enveloppe dans des vef–
fi es minces ; que . ce fue ell: rouge brun ou nuiratre ,
lorfq ue les
gouff~s
done on Je tire fon t plus avancées
&
proches de leur maturité ; qu'on en recire aulli de
fes feuilles , mais qu'on ne l'eíl:ime pas plus que Ja
gomme de
l'a((uia
de Galacie , parce qu'!I
~ft
bru n_:
ACA
noir comme elle
;o.
que ce\le qui eíl:
jaunatre ou p ur–
purine , q ui fe d ilfout facilement dans l'eau , eíl: pré–
férée; q u'elle e!l extremement rafraichilfante , épaiffil–
fan te ou incralfaf1te & aíl:ringente; q u'a caufe de ces
p ropriétés , on l'emploie par préférence
a
toute aucre
drogue dans les maladies des yeu x , de la bou he
&
des génitoires ;- dans
les chutes de la matrice & du
fo·ndemen t, dans les pertes des femmes & autres hé,
morragies , d ans les dy lfenteries
&
coms de venere ;
que fon bois qui eíl: noiratre eíl:
incorruptible dans
l'eall , & employé pour cecte raifon pour fa ire des
membru res de vailfeaux ; qu'enfi n fes goulfes fern nt
au lieu de la galle d u d rene , appellée
noix de galle ,
pou.r tanner & perfeél:i onner les cuirs.
Yoyez
H ippo–
crate ,
L i'Ure xxj.
§.
5.
page
130. Théophraíl:e (
Li'U.
IV.
chap. iij.
)
llli donne le nom de
gomme thébaiq11e,
& dit q u'il y en a u ne grande fo ret dans Je champ
de Thebes. Ce que D iofcoride dit
(
L i'U.
l.
cbap. cxxxiij.
&
cxxxi'U.
)
ne peut s'appliquer q u' a cette eípece:
aca–
cia ejl arbor
,
aliis frutex
,
nafcitur
i1I
calidioribus
111
in
JEgypto,
&c.
1mde f eptentrionale frigus perf erre neq11it;
gummi ex ea promanans Arabicum gummi ojficinarum ejl.
Succus ejus
in ufu q11oq11e ejl. Vis ei fpif!a 11di
&
ref1-i–
§erandi
,
ad ig11em fa crum
,
ulcera ferpmtia
,
oculorum af–
f eélus ,
&c. C'dl: cette efpece que Pline détigne par–
ticuliérement,
liv.
XXII/.
chap. xij.
de fo n
Hijfoire N a–
/11relle ,
quand il dit :
ejl
&
acacit11 fpina.
F 11
in JEgy–
pto alba nigraque arbore
:
item 'Uiridi
,
fed longe me/ior e
'
prioribus. Ht
&
in Galatia t·merrima fpino.fiore arbore.
Semen omnimn
lenticulee .fimile : minore ejl
lanrum g1·a110
&
f olliculo. Colligitur aulqmno, ante col/e&!um nimio. 'lla–
lidius. Spijfatur Succus ex fo /licu/is ª 'lua ctVlejli perfujis
;
111ox in pila tufis exprimitur organis
:
tune denfatur in fo–
/e
mortariis in pajiillos. Fit
&
ex f oliis minus ejjicax. /Jd
coria per.ficienda femine pro galla u1u11tur. Folioi-um juc–
cus
&
Galatiacee acacid! nigerrimus improbatur : item qlli
'Ua/de rufus. Purpurea aut leucopbti!a
,
&
qt1tf! facrllime
diluitur , 'UÍ
fumma ad ·/pif!'andum ref rigera11d11111que ejl
,
oculorum medica1i1entis ánte alias utiles. L ava111ur
in
eos
ufus pajtilli ab aliis , terrentur ab aliis. Capi/111111 tillgu11t ,
f anant ignem Jacrum
,
ulceraque ferprmt
,
&
humida vi–
Jia corporis , colletiiones
,
articulas
contufos
,
perniones ,
pterygia. Abunda11tiam 111en)iui11
f am1inis jijttm!
,
v11/vam–
q11e
&
fedem procidcntes
:
item ornlos
,
oris vitia
&
ge–
nitalium.
Belon , le plus ancien , & en meme tems le pl us
f~avant
des voyagem s modernes qui ont écé dans
r-E–
gypte , nous apprend , dans Ja relation de fo n voya–
ge imprimé en 1553 , que les
d~íerts
íl:ériles de l' Ara–
bie, fur les bords de la mer Rouge , ne produifent
pas d'am res arbres que ceux de
l'acacia,
qui y fon t
fi
abondans , q ue
les ·Arabes ne s'occupent prelq ue
que d u fo in d'en rec ueillir la gomme q ui porte le nom
de
gomme d'Arabie
:
&
cecee gomme, que l'on nom–
me encore
gomme de
B_abylone
,
concient
fou vrnt des
épines & des grai nes
fi
íen:iblables a celles du nebneb
du Sénégal , que l'on ne peu t douter que
!'acacia
vrai
ne foit Ja meme efpece. R auwolf , q lli a voyagé apres
Bd on dans le levant, eíl:
le
premier qui ait occafion–
né une confufion qui ne peut avoir lieu , loríqu'on
compare le nebneb du Sénégal avec
l'acacia
décrit par
les anciens , & par les modernes qui l'ont précéclé.
Cet ameur dit en 1582 , q u'il a vu au tour d'Akp ,
le long du fleuve d u T igte da ns la Méfopotamie,
& .
de l'Euphrate dans l'A rabie dfferte , une efpece
d'a –
cacia
appellé
fchack
par les habita ns de ce pays ,
&
Jcbamuth
par les A rabes , qui ell: le nom corrompu de
fant
,
felo n Celfe ; que l'on trouve en vente chcz lts
marchands d' Alep des gouffes apportées d'Egypce fous
Je
nom de
cardem ,
q ue quelt¡ues perfonnes c:toienc étre
l'acacia
de D iofcoride & des anciens; que
~es
goulfes
fon t d'un brun chatain ' partagées en deux a trois lo–
ges en forme de facs comprimés , cortenant chacu n
u ne femence rougdtre , femblable a celle de Ja bal–
famíne male , c'eíl:-a-di re' de la pomme de merveille.
1mmordim ;
mais ces deux p lantes diffcrent beaucoup