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ATH

quence. Conon s'eíl: ren du célebre par fon amour pour

Ja patrie. Démoíl:hene paffe pour un modele achevé

da

ns

l'art oratoire. Alcibiade a réuni tqus les talens;

la

nature lui avoit , pour ainfi· dire, prodigué rous

fes dons ,

&

l'on peut dire

de

lui qu'il n'eut point

d'éga l, foit daos le vice , foit daos la vcrtu : on au roit

dú nommer avant lui Socrate, qui

fe

donna beaucoup

de foin

a

lui former l'efprit

&

Je creur. Pbton a ren–

du, pour ainú di re, fon nom immortel. Thucydide,

Xrnophon entre les hiíl:oriens , Euripide , Sophocle,

Ariíl:ophane, Efchi le parrni les póeres, fe

firent une

grande répuration. Nous en ajouterions bien d'autres,

fi

nous ne deíl:inions pas un anicle fépaFé daos ce Di–

él:ionnaire

a

tous

les grands hommes qu'

A;henes

a

produits.

' Nous allons finir par tracer le caraél:ere de ce peu–

ple. Toute

fo¡.¡

hiíl:oire montre qn'il avoir du génie,

des ralens,

&

meme des calens fupéritm<s.

ll

y

avoit

p armi les Athéniens beau coup de turniere

&

de

goú~,

ils jugeoiellt bien des ouvrages d'efprit. L'infh1ence

que les

orateurs avoient dans les affaires de la répu–

bliq.ue,

monrre cambien ce peuple étoit admirateur de

l'

éloquence ; ils

recherchoient }a pureté du laogaoe

avec un foln infini; le péuple meme avoit m1e exrrt

me déJicatelfe

a

cet égard

~

!'aventure de Théophra–

fte ,

¡¡

fouvent rapportée, en

efi:

une bonne preuve.

l is

entendoienc les

inrér~rs

de

leur répub1ique; le

peu–

ple

meme

y

étoi~

beaucoup moins ignorant que

che~

d'autres nations. Ceci ne doit pas forprendre

~

on voit

q ue lque chofe de pareil daos la plilpaFE <les éms dé-

1nocrariques. Natmellemen.t bons

&

humains, la bien–

fa ifance des Achéniens s'émidoit jufqu'aux bétes

me..

me :

la fondation qu'ils füent pour un mulet q ui a·voic

beaucoup u availlé

a

des ouvrages publ ics. ,

e¡¡

eíl: une

marque. D' un autre coté, légers, inconíl:an,, ils ou–

blierent plus d'une fois les bien.faics. qu'ils avoient re–

~us,

&

payerent d'ingratitude ceux qui les avoient le

mieux fervi s. Ceci peut

a

un cercain point s'excufer

par leur arnom pour la liberté ; ils en. étoimt jaloux

a

un te! poin t qu'un limpie

foup~on

les. faifoit agir

comme

fi

la faure émit

avér~e.

L'oílracifme

p~atiqué

conrre les plus dignes citoyens

(

voy1z

OsTRA.ClSME. ),

ell: un exemple de ce que l'on viene de dir:e. Les

Athéniens aimoien t

le

plaifir, mais. L'amou·F du plaifi.r

cédoit wUjours

a

l'amour de la patrie qu'ils Séfendi-

9ent en plufieui:s. occafwns avec la plus grnnde valeur.

De

fi

grandes qualités

&

de

fi

grands défauts ne fe

renconuent guere

qill!

dans. des pays de libetté. (

'!'.

D.G.)

·

ATH

ENES , {

Hifloire anciemre.)

!"Attique

a~tref.ois

ap–

pellée

Jonie ,

étoi.t bomée

a

l'o~ieflt

par la mer Egée,.

au midi par le golfe Saronique ,

a

l'occident par la.

Mégaride,

&

au nord par ta Béotro.

Atbenes ,

capi–

tale de cemi co11trée , n'occup©i& clans fon

orig~ne

que

l'efpace oU-

La-

citacldle fot depuis

~011íl:rnice-; m~is.

lorfqu'elle devi nt l'école des n

ations , d

ie prit tanc

d'accroiífement, que

ÍO!lJ

cirrnit

étoit.de

cent foixante–

dix-huit íl:ades. On lui doona d'ab©rd le nom .de

Ce–

cropienne,

de

Cea ops

qui

fu.t

fon fondateur;

&

ce ne

fut que fous le regoe d'Amphitrion, qu'elle

pr,i~

le•

nom

d'Athm6s.

Q__uelquefois on

la

.diftinguoit úm¡.ile–

ment par le nom de

vitre,

ti

ere

tle difünél:ion,

qu ~

fut

donné

a

Troye,

a

Alcxandrie d'Bgypte

&

,¡¡

Ro–

me.

~elqu~s-uns

prétendent qu'elle cut Ogiges pour

fondaceur. Mais les marbres

d'

Arund~l

& ;

fü1febe ne

datent la chronologie

d'Athenes,

que de Ceci:ops qui·

cm

eíl:

regardé comme

le

premier ioi.

11

eut feize

focceffi:urs au trone , donl

les: plus célebres furent

Ereélée

&

Thefée. Le premier immortalifa fon regne

p ar la découverte de l'agriculmre qu'.il i.ntroduifit danS>

l:Attique; l'autre raffembla, dan5 j.'enceinte de Ja vil–

le,

les hommes épars dans. différentes bomgadas ; il

divifa le peuple en trois cl alfes , comme en. Egypte,

en nobles , en laboureurs

&

rn artifa ns. Tous les au–

tres ro is n'ont fauvé de l'oubli que leur oom, cxce–

pté Codrus qui

¡re

dévoua pour

I~

fal uc ele.

la

patrie.,

'lome l .

.A T H

635

Les guerres allumées par fes enfans, pour fe difpu–

ter le trone q.u'il lailToit vacant ' dégoücerent le peu–

ple du gouvernement des rois , qui n'avoi,nt eu que

le

phantome du pouvoir, done le corps de la nacion

s'éroit réfervé la réaliré.

A

pres

l'abolition de la roya

u

té , on établit des

archontes perpétuels , qui n'avoient qu'une· aurorité

limicée par la loi dont ils étoient les dépofitaires

&

les

miniftres. On craignit que la perpérn iré de leur

ponvoir ne leur inlpirat l'ambition d'en abufer. Le

peuple qui s'étoit réferv é la puiJfance légiflacive , fi xa

leur nombre

a

neuf'

&

réduifit leur exercice

a

pareil

nombre d'années, ne voulant lai!fer aucune trace de

la

roy>auté dont la perpétuité de pouvoir offroit une

image odieufe;

&

dans

Ja

fuite, les archonres forent

annuels, parce que les Athéniens transféroiem ,

a

re–

gret ,

a

des rnagi!hats une aurorité qu'ils croyoient n'ap–

parrenir qu'at1 corps de la 11ation.

Leur adminiíl:ration étoit trop palfagere pour les

rendre refpeélables. Armés <lu glaive de Ja loi, la poin–

te en fot émouffée dans lems débiles mains.

A

peine

avoient-ils appris

a

gouverner' qu'on leur dom10it des

fuccelfeurs fans expérience, qui ne pouv-0ient a11ffi que

faire

un

court dfai de leurs talens pour

le

gouver–

nemcnt , fans avoir

le tems de

les dév.élop.per.

Le

peuple

le plus iníl:ruit , fiut

le

plus mal gouverné :

l'exces du mal

fi

t

fonger au>1 rnoyens d'y appliq.1ier Je

remede. On fem it la néceffité

de

fixer les principes

du gouvernement qui jufqu'alors avoieat

é1é

a~bi rrai­

res,

&

qui font tolijours fans vigueur, qu3nd ils n'ont

pas

le

faeau du chef

&

de la nation.

A1bmes-

empor–

tée jufqu'a

eme

époque par k s événemens

&

les paf–

fion s, j eita les yeux for un des archonres, nommé ·

Dra&on ,

done la

vcrm

d_me

&

farouche

~toit

pli.is

pro–

pre

a

réprimer l'indocilité des

efe

laves, qu'a

fa~onner

(les ciroyens

a

l'obéilfance des loix.

11

falloit qt1e les

Athéniens fuff<::nt bien cor.rompus, puifque ltuP

lé–

giílateur infligea peine de rnort pour les

fa~ms l~s

plus

légeres

&

pour les crimes les

pl111s atr-oces ;-

il con–

damna au· meme fu.plice

le malheur.eux qui. n'avoit

fait q u'une chí1 re,

&

le fcéJ érat v-ieilli daAs 1'habi–

tude du c>rirne.

H

faHoi t une grande férocité pour di–

cfrer tles Joix

fi

barbares. Peut-etre auffi ne confon–

dit-il la foibleífe avec

1':

crime , que parce qu'il con–

noilfoit l.'exces de corruprion de: fes c:onciroyens,

&

qu'il 11aloit mieux erre barb<lre qu'indulgent' pour

prévenir la tentation des maux dom i.l étoi.t le

~émoin.

Les dPoits de l'humaaité

réclamtr~nt

centre une lé–

giílation

¡¡

meurl'riere, qui nit

fit

que muhiplier les

défordres q.u'clle s'éroit propofée de répr.imer.

La

loi

parut

un joug;

&

it falloit une r.egle. Tout freiri

fue rompu.;

&

l'on retomba dans

le

(ahos

de

l'anar–

düe. Le pc:upl1: fatigué h1i-meme d'une

indépenrlan~

'!:e licentieufe, s'adrelfa.

a

Solon pour lui donntr des

loix.

1:1

faUoit u

ne m

ai11 habite pom gué'rir tant de

maux

~

rrois faél:

ior.is

avoienn des v

ues d

ifférentes; les

hab~tans d~s

montagne5 vouloient

q

.ue

la>

pu.ilfance

fouver.aine téNdat <lans

Je

peuple ;· ceux

da

la

plai ne

f>enchoienc vers l'ariftoc;:ratie. Les pl1:1s

f.ages

clem

an–

doient uR g-0uvernement mixte pour meme u.ne ba–

lance· entre la tyran ni.e des magilhats

&

la J.icence du

peuple. Solon. appdlé· au. trone par les vreux

de

fa

nation' préféra le titre de légiílateur

a

celui de roi,

Les faétions

qu ~

divifuient

./fthcnes ,

ne lui permirent

po.irrt de donner

a

ks ioix Ce dégré de peFfeé\;iofl qu'el–

les auroient pu recevoir dans des tems moins orageux;

c;omme il lui fot impoffible d

e faiFe

rnut le bien

don~

~l

étoit capable, il pallia les

ma.ux

q1:1'il ne pouvoit

e::xti~per;

&

quand au lieu de remede, e n ne donne

que des adouciffernens, on al<1gmcme les ma}adies po–

litiques; il eut bien voulu

l.i:

proporer 1.icu.rgue pour

modele; mais il avoic

a

maitrifer ur> prnp le dorni11é

p<w une imagination arden

te,

qui confondoiE le beau

avec le loxe ,

&

toCtjours pret

a

s'élimcer au-dela des

limites d'une liberté raifonnable. Le goí\t

eles

volu p–

tés

avoit

épuifé les plus gran des fomrnes: des

peres

LL ll

2