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A.
R C
rer l'homme de qualicé dans les bornes du fimple
bourgeois: L'art de difcerner fainement ce qui conviene
a
chaque état dans la vie civile ,
e(l:
pone µn
~aknt
péce{faire
a
l'architefle.
Nous exigeons troif¡emement de lui qu'il foit doué
d'un bon génie , c'eít-a-dire, qu'il ait une grande
fa,
cilité
d'inven~er ~
q'ordoqner. Avec ce
~alent
, il
faura non-feuleme¡it placer
a
propos dans fes baci–
timens tout ce qu'il y juge etre ¡¡écelfaire, mais
ji
faura
de plus y¡¡rier ces ·arrangemens fe)on Je
go\¡~ p¡irti~u
Jier du
proprié~aire,
&
fuivarg
l~
n¡itµre propre de$
lieux, des cems
&
de
l'emplacemen~.
Si "poµr
~ha~
que
i:fp~ce d'~difice
il n'avoit qu'un modele ou deux
dans
fa
~éte,
il
s;ourroit
rif~ue
píen fouvt:nt de
fair~
des
incongr4ités
1
C'eít ce génie qui, dirigé par un jljgemept folide,
le
tirera d'embarras
dar¡~
les cas pu
divl!~s befoin~
fe
trouyer¡t en oppol)tiol).
11
f;¡ura
dif~erl)er
Jeque! di'=
ces befoiqs
~!j:
le
plus incjifpenfable_; il faura 'vaincre
les ob!l:acles par des !Tloyens inconnus jufqu'alors ,
&
ji
furmontera les plµs grandes pifficultés '
a
l'aide d¡:
q\lelqµes heµ.reµfes
inyencion~.
.
·
P
n gout épuré en
tou~ ~en
re de bc:auté, e!j: encere
uhe
qu¡¡li~é
néce!faire
a
l'architefle.
Par ce
~alent,
jJ do¡iper¡¡
d'~bord
a
J'édipce entier OU
J'~Jégance,
OU
la magnificcnce
1
ou la majefté convenables ,
lle
il aug,
mentera enfµite
l'cf!~~
de !'l!pÍfmb'le par
le
~hoix d~s
beautés de détail.
•
'E°~fin
·
!'arcbiteq~
¡loit polféder diverfes parcies des
math~rrafiq\)es
, U!J préfis de l'Hi(!oir!! na¡urelle, ll\
Méchani1-1ue,
&
la connoilf'\nce de
to.isles ares qui
entren,t
fl?n~ I~ con(hu~ion
fl'un J:>atiment.
~ans
)'\'
facilité ele calculer , il ne fauroit déterm iner exaél:e–
Jn~nt
" tes . diyilions, . les proportions,
I~
q
uantf~~ de~
matériaux,
§e
1!!
folidité des
'pi~~es.
S'\ns
cq']r¡'oilf~nce
de la Méc¡ianiHue , il pe
f
aura pas proporrionner · les
forces aux befoins,
&
donnera ¡:les ºdimen!i ons ºdéfc:.
étueufes.. San·s
h~bitude ave~·
les beaux.arts, il
omet~
tr~
p\ufieurs orne!Jlens -qu.i del;'Oi<¿nt ,{roqver !é\)r
pla~
~e ,
·cu i! les deffjner'\ dans . un ma\lvais
~out
..
San~
notion des arts ¡néchaniq\les, il im¡iginer'\ eles
cho.fe~
pone l'exécu{ion ou
n~
fera pas pqlfiblo, pu
n~ répon~
dra pas
a
fon ¡1ttepte;
~ar ~O\)t
arcbifeé/e
qui fe repO•
fe fur le
go~t,
¡e
juge¡n~nt
ou
l'h~~iJeté i::le~
puvriers
1
eft
ordinairem~nt
Hºlf!Pé;
ji
fau,t qu'i\ \eur
pr~f~rive
chaque ouvrage dans ·
I¡¡
· plus grande
pfé~iljon
, oq
qu'il
yeill~ lui-m~me
a.
leur
~rave.il,'¡ ~
qu'il les re.
drelfe dan.s
)'<¿xé~u~ion. ~nfin,
fan,s
é
~u.de'd~
la
Phy.
fique ,
j\
po1:1rra {qmber qans. qes Í'\\)tes_
ir~s-gr.aves ~
faire des \ogemens mal fajns,
~oriqrui~e
µn
~~tim~nt
peu folid,e,
' ~
pe\) d\Jraqle, pren,dre une. l'I\ª\JY,ai\e
ex~
pofition
a
\'égard pu ven.t
Bi
de la pluie ,
m~n,guer ~
ponner une prom,pte ilfue a la fomée
&
au~
exhalai."
fons ,
&
rendre
Jes,app~r¡emcn,s in,~o~n~~des
a.
l'é~ar4
du froid pu fle la:
·~hal~ur,
·,
, ·
Les remarques
précécl~ntes jndic¡u.~nt
les
flire~ion~
que
l'architeél_t
doit ·foiyre clans fes
é~uc\~s.
H
doit dé.
pucer par ¡:elle de l'hifto·re
{le
eles.
(cien,~e~ philofo~
phique5 , pour
e~ercer
les forces de
!'efp~i~ ~ pou~.
acqu~rir
·
1a
pénétration
¡i.
ja
fq!\di~é
qµ_i lui font in-·
difpenf'\bl~mept
néeeq"<1irc¿s.
11
en
dt
de
J!a_rchitetl~.
comme du p<;>ete
t
pour réµffir.
¡1
faut
s'err~ exerc~
des \'ei1fapce dans les
¡ir~s ~
dans.
!e~
fciepces·. Apres.
a~oir
pofé de folides fondeqiens. d
(l.ns.
c~s
é\udes gé·
nerales,
l'ifr&biteéle
s'appliq\ler~ pa.r\i~µ,\1~egi~n.t au~
mathéma~iqu~s
&
!1U
deffin; il fal.\t
q\)'il-.~.'~*er~e
dar¡s
~e.
deq1ier art autant
HU'\;m
futur
p~in~r~
pou,rroit
~e
faire, afin 9e. s'y former un
go~t c,l~li~a~
\ non-feu.
leme~t po~r
JUger .du beau en matier:e" de figures
~
de decorauons , mars encere pour inven;cr aµ befom
dans ce genre. ,
-
· ·
·
~
' · ·
·
'
~foni
de ces
connoi(fan~es
préliminaires , notre éle–
v~
l_lrchitefl.e
donnera tous fes foins
~
étudier les prin–
~1paux morce~ux
d'architeél;ure gifperfés dans les di–
vers p¡iys de
1
E urope.
~l
étudiera d'aborc\ avec atren–
tipn fes · différens traités des plus céleercs
11rchi1eéles;
J\
R
.e
il
en apprendra les regles qu'ils donnent;
&
les
cxé~
cutera par des deffins. .
11 f.:
formera enfuite la colle.
él:ion Ja p
l.usé.cendue d'autant de pl.ans de
~eaux
édi.
fices , de Jardrns, qe places
.~
de vtlles enucres qu'il
en pourra ra!Tembler.
JI
les ¡:ontemplera d'un reil at.
~entif.
s'attachant premierement a conúdérer l'enfem.
.ble ,
&
~
obferver avec fojn l'effet qu'il produit
fur
luí.
II
exami¡iera enfuite ch aque
par~ie
féparemcnt dans
fon rapport au tout, d.ans fa poútion , dans fa
figu.
re ' dans fes prnemens ' dans les proportions de fes
parties fubordonnées ;
&
H~
examen fe fera
le
~om
pas
&
J'échelle
a
I¡¡
main.
.
JI
e!t elfentiel Rue dans
~es
recherches
l'arcbite81
remonte
~oí'ljours
auij: premiers
prin~ipes
de l'art ; qu'il·
~lem.ande?
pour
ain.fidire'
a
fl)aque
pi~ce _ du
batiment,
que fais-tu jci
?
¡;orpm!!nt req¡plis-tu
~on
lrnt
?
que
~ontri~ues- tu
a
l'afpeél:' a la folidité'
a
)a ¡:ommo–
pité' a l'erpbell/ffen¡er¡t
r
fatisf~is-ru
pleinement' &
mieux que toute autre piece ne
)'el'¡~
'pu faire.
a
ta
deítin'!t!on?
&
qu'ici lé jef!ne
architefle
fe garde bie!l
de s'en )ailfer jmpofer par !''lutorlté ou )<1 i;_é)ébrité.
Apper~oit-il
quelque i:l¡ofe qui ¡i'ait pqjnt fa raifo!l
fuffifante, CJUi bJeJfc merpe jes reg)es de premiere né.
ceffité, qu qu¡ chqque du
moin~
Je bpn goí'lt; que
ni le refpeét 'de !'aqt1q4ité, qi
)'aµcori~é
,<le
f¡¡llí!-dio,
¡ii l'ufage étapli !Je l'err¡pecl¡e pq¡nt de la P,éf¡¡pprou.
ver,
&
qu'il ne
fe
lailfe 'pas
indqir~ ~ l'acjopt~r.
Les
¡neilleurs
architeéles
modernes ont commis des fauces
grofiier~s
;
&
l'on tolere alfez génér.ilement en archite·
ffrure
~ert~ine~ ~hofes·
qui fol)t évidcmment contraire•
~u
qon
go~f·
·
Apres qqe
l'arcbiteéle
aur'l puifé ce fond de connoif.
fan_ces dans les écrits
8f
l~s
deffins des
gr~nd
maitres,
¡t
lui fera tres-utile de
voya~er
en
!tali~
&
~n
Fran–
f:e P<:!Ur y
~xaminer
¡le pres les
prin,~ip~ux
édiqces ;
y ¡lécóuvrir la métqode d'app,liq11er Jes regles eje J'art,
~
y
obferver bien ds:s
~hofes
'que
l~s
fimples
pl~ns
¡ie fauroient iridiquer.
•J\
ne fufllr'l pas pans
· ce~
yoya.
ges
d~
conliqérer fe4lerr¡ent
le~
pitimens jfolés;
il
fau ~ c:n~ore
faire attentipn a Jeur rapport avec les
9~~im~ns
yoif¡ns,
&
~vec
ja place ou ·jls font conítruiu.
Ce
n'~ft
pas
alfe~
qu'qn
ifr&bit~él~ ai~
la capacité de
iracer
de~'
.ídigces
jfolé~
¡
c'eíl:
~e
qu'i! ¡ippre¡idra le
plus
aifém~nt.
f
011r
~tr~ p<\rfai~
ga{ls fón
¡ir~ ,
H
doit
favoi r batir des
place~
er¡tien;:s , ejes yiJ!as ¡neme ,
~
!eur do11ner au-deqans
&
au-de~ors
toqte !es commo.
¡ji~~s ~
come la beamé poffibles.
JI
faut P?Ur
y
réuf.
f\r des yues qui fendent au grand ,
&
q
m
fupp.qf\:nt
µn génie
él~vé
a4-deff
us
du
~qmqiun.
Depuis·
l'~cono·
¡nie privée du
fimp.I~
pol)rgeois , jqfqu'a · \:elles des
gran,d,s'
a
la
yill~
&
a
\a
cá111pagne
;'-~e-la
jqfqq'a
1'4
¡:our
d~~ pr\n~fS
!
~
de cel\e-ci e¡ifin . ¡ufqu'i la po·
\ice des yilles
¡i.
des
p~ys
entiers.
1
fes vum.doivent
~out ~m.b.r'!ffor.
11 ci'e!r
pe~mis
qú'a celuí qui fe
fen~
des
~Oíl,JlOÍ(fance~
au!T¡
~¡~qqu~S,
c,l'afpÍPer, a J'cmplo¡
~'arcJ;itr_fle
d'l\I\ gr'.!nd prince, ·
·
·
:·
C'eít fan,s ¡loi,¡te
¡:~q~ ~ceciq4e ~e
talens
&
de con,
poi~anc~,
&
la
~épeqíe ~qe
¡cur mlui4tion
e~i~e,
qu\ -'fait qu'un. gra11d p,eir¡tre , un grand. poete
eft
une
~hofe
·mqins ·rare q\l'uq
arfl/iteé!~
·,pa,rfa1t. {l
fau.
proit qu'il y
e~t
qans ·
c~aql)e
état un
étabJ}lf:m~nt
pour
form.erele gr<1nds
rrchitef{el
;
qu~
du fem1na1rc
¡les
éleve~
oq
<:=hoifit les plus inteUigens,
&
que ceux·
¡:i fulfcnt
inltrui~s.
&
perfcél:ion,nés dan,s leur
ar~
a11i¡
~épens
du
pl!P.!ic;:. - ' ._;
-
11
imp9rte
ª'
l'ét?t c,l'
a.vo.lr40.
¡:er~ain
nornbre p'hagiles
(1-rfhite{les'
quí foient en,
me~e
¡ems gens d'honneur
&
~e
probité.
'11
i¡:on\'Í~nclro,it
qy'ils fulfe nt largement
peruionnés du public,
&
qq'9n leur impol.t !'obliga·
tion
d'\l{Ii~er
de leJ.!r co.nfeil. , q-1oyer¡nant une modique
rétribution, tout
v,ar~ic\)lier
qll\
voudroit batir; pour
que;-f.elyi-ci ne
{Ctt
pas, expqfé
1
par \'igr¡orance
o~
la
cúp1d1te des 04vpers,
a
eífuyer qes pertes con lidera.
ples. (
Cet
(l_rt(rle
ejf
lfri
d~
la
'Ihéorie
génér(lle des
Beaux·
./lrti
iie
M.
Sup;ER. )
·
· §
.ARq-IITECTl[JtE, (
Be11x-Ar1s.)
No1,1s ne par-