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J\LT

.j

IC

l!ndroits

de

la SuiíTe , le furnier faic merveil!es íur . les

prés; mais dans d'rn cres il ne produit pas

a

beaucoup

pres k meme eftet. Il ne faut done pas héfiter de rcn–

verfer un rel pré

&

d! le mettre en grain.

5°.

Lorfqu'on vo it un pré ravagé par les hanetons,

qui , fous la forme de vers , dévorent les racines des

plantes ou les éventent, or: ne fauroit prendre un meil–

lcur parti, que de le labourcr.

En vain on voudroit réparer ces

dég~ts

en couvrant

ce terrein de fumier; ce feroit préparer une nouvelle

nomriture

a

ces infeétes deUruéteurs. L'on ne remédie–

rnit meme fouvent

a

ce

mal que pour bien peu de

tems, en

l'inondant. Il faut done avoir recours au

labour :

&

comme les 'cochons

&

les chiens barbees

font m!s-friands de ces vers , on fait fui

vre

la charrue

par ces animaux qui ne fe lalferont point de cette chalfe.

Obícrvons ici en palfant, que !i l'on s'appercevoit

a

tems que

ces

infeétes attaquafünt la prairie' il n'y

auroit point de moyen plus a!furé pouf arréter leurs

tavages, que de· faire un folfé fur les bords du ter–

rein ou ces infeétes ont donné des marques dé leur

préfence. Cet obíl:acle · les empech<.: de palfer outre.

6º. On ne faurolt

fe

difpenfer de réduire en pré un

ehamp , des qu'on

s'apper~oit

que fon produit d¡mi–

riue, ou que le terrein trop maigre ne don ne pas des

récoltes -qui dédommagent, année commune, des frais

<le culture. Ainli un champ qui, année commune , ne

• donne- par arpent de cinquante mille píeds quarrés du

R hin, que cinq

a

fix quintaux de froment, ne peut

c¡u'ecre

a

charge· au cultivateur, s'il ne

fe

háre de le

mettre en pré:

&

il

trouvera meme infailliblement

<lans

le

changement alternatif, abondance de fourrage

<l'abord'

&

un terrein mieux- difpofé

a

la produétion

du grain.

7°. Si l'on manque de fourrage,

&

qu'on n'ait pas

foffifamment de fum ier, pour

en

matre fur fes cbamps

une dixaine de bonne charretfes p ar arpent, il faut

de toutc nécelfüé fe procurer des prés, en dénaturant

une partie de

fes · champs

&

alterner

cette culture.

Ceux qui mettent au plus bas la proportion qu'il doit

y

-avoir entre les prairies

&

les ce·nes labourées, di–

fent qu'elles doivent etre en égalité; mais

¡¡

ce par–

tage conviene

a

quelques terres, elles .font plus pri–

vilégiées que les autres. Un domaine bien monté doit

avoir un tiers en pré,

fans

quoi on ne peut l'entre–

tenir d'une maniere convenable,

&

lui donncr un amen–

dement meme mod ique.

Enfin il fa ut, s' il eíl: poílible , mettre

\10

champ en

pré, lorfque les herbes mallvaifes ou gourmandes s'y

font multipliées. C'eft le feul mayen de 1es détruire.

Avantages

d~

cetle alternative.

De ce que je viens

d'expofer , il p'arolt évidemment qlle l'alternarive q ue

nous recommaodons, procure

les plus grands avan–

ta<>cs,

&

que tout agriculteur intelligent doit fuivre

1:1~

méthode fi utile.

1º.

Elle diminue fes travaux champ&res, par-la mé–

me que rédtJi fa nt en prés une partie de fes champs,

pour écabllr encr'eux une juíl:e proportion , il dimi–

riue d'aurant fes terres labourablcs

&

leur culture.

2º.

Il augmente fes fourrages

&

fes engrais, je dis

meme fes grai ns ' p ar cette économic ; pu ifqlle d' lln

cóté il augmente fes prés en les

renouvell ant par le

labour,

&

en ks condu ifant d' une maniere convenable.

3º.

On détru it par cette alternative infai lli blement

ks hetbes nuiübles ou inutiles , t3nt des prés que des

champs. Car en changeant les fai fons des

l~bours,

ou

t:n variant les cultures

&

les prodllél:ions , il eíl: im–

poílible qu'une fois ou une amrc on ne furprenne ces

m auvais ht:rbages au moment ou elles peuvent étre

d étruites. Il arrive meme fouvent qu'une certaine plante

inutile périt par cela fc: ul, qu'elle n'eíl: plus cultivée,

ou qu'elle_ fe

trouve alfociée avec une p lante qu i lui

dl:_

co~rr;1r~,

o,u

en~n

qu'elle eíl: féparée d' une autre

qui lu1 eto1t nece!fa1re : c'eíl: le cas du liferon , de la

~ufcure

&

de plutieu rs a\)tres plantes.

4°. On multiplie 3,llffi

les grains , quoiqu'cn

cer~

ALT

i:ains

cas

on diníinue les terres enfemeneées.

·n·un

dltE

on frrtilife les champs qui rellene en culture par l'aug–

mentarion des fumiers, par

la facilité

&

le

change–

ment des labours, par le

renverfcment des

racincs •

des

herbage~

&

des gazons :

&

de l'autre les prairies

remifes en champs ' deviennent plus proprcs

ª!-3

gra.in

:

c'eíl: ce. qlle

j'ai conftammcnt éprouvé. Te:! ,

pré re.

mis en champ donne fouvent, des la premiere an•

née, une récolte qui excede ou du moins qui égale

la valeut de la piece.

5º. Enfin on augmente les terres en rapport; puií.

que par cette alternative on profite des terres en ja.

cheres,

&

qu'on tire ain!i de fes champs

llfl

troiÍle·

me produit réel •

a

la place d'ua imaginaire. fouvent

111éme funeíl:e. Cette méthode eft done une nouvcllc

fo urce de richelfcs pour ·l'état

&

pour les particuliers.

Obftacles qui s'

oppofent

a

Ce/le

altcmative '

&

111oyen1

de les leuer.

L es avantages de cette altcrnative étant

fi

fc:nfibks

&

(i

con!idérablcs, comment' arrive-t-il que

l'ufage n'en

ft p;1s' établi dans tous les pays de cul–

ture? C'elt ce qu'il importe d'examiner, afin de· voir–

s'il n'eíl: pas poffible d'éloigner les difficultés qui pour.

roient s'y oppofer, 011- fe:

tromperoit fans doutc,

li

jugeant de cette méthode par la Suilfc ou la France •

on s'imaginoit qu'elle eft peu fuivie dans

le

reíl:e de

l'Europe. L'alternacive des

champs ·en prés

&

des

prés en champs eft généralement établie en Suede ,

&

fur-to ut en Angleterre · ou ellé a plus contribué

que toure aurre chofe, 2 poner

le

prix de¡' fermes

&

l'agriculture au point ou 1ls font aujourd'hui. On fuic

cette pratique en divers lieux de la Suilfe , fur

les

montagnes qui ne font pas trop élevées P<?ur produi–

re des grains ; enforte que

!!

cette économie n'a pas

été adoptée daos

la

plaine , ce n'eíl: pas un iq uement

par un attachement aveugle pour d'anciennes coutu–

mes, mais il s'eíl: trOU-Vé divers obftac1es qui n'ont point

encore été levés.

Cette méthode eíl: impraticable fur les terres alfu–

jetties au parcours: elle ne fauroit erre appliquée qu'a

celles dont nous pouvons pleipement difpofer pour en

faire fans reíl:riél:ion

&

fans r.éferve, l'ufage que nou9

jugeons

a

propos. Or la fervitude de vaine pature qui

abandonne au bécail des

in~ividus

de la communamé ,

les terres de la premien: récohe

&

méme les champs

l'année de jachere' met un obíl:acle invincible

a

tou–

te efpece de ch angement'

&

en particulier

a

l'alter–

nativc en queíl:ion. La pclice s'occu pe fériellfemcn_t en

divers lieux

a

profüer des iníl:ruél:ions publiées par la

Société de Berne pom l'abolit ion de ce puturage ré–

ciproque.

R egles de cette alternative dans les

pa)'S

olt ./!e

ejl atluel–

lemem f uivie avec Jueces.

D es qu'on

s'apper~oir

q ue le

produit d'un Eré diminue

&

que l'herbe s'éclaircit,

on

y

remédie ·fans délai , en labourant le terrein ; ce

qui fe fait de !ix eo ' fix ans, ou rout au plui; rard

tous les huit ans.

Le fonds eíl: de terre légere ou de· terre forte. S'il

a peu de profondeur

&

qu'il foit fec

&

léger, on ne

le

fome . qu'une fois ,

&

pour cela on

y

conduit fur

la fi n de feptembre une dixaine

d~

voi tures de bon

fo–

rn ier par arpent de trente-fix rr.ille pieds quarrés, tout

de fuite on laboure

&

on ren verfo

le gazon. Comme

le

terrein eíl: fuppofé léger, la charrue

o~dinaire

pcut

tres- bien fai re cct ouvrage.

A la fu ite de la charrue, on place !ix

a

huit armes

de houes tranc hantes

&

de pioches pour rompre, cou–

per, menuifer, brifer les motees jufqu'a ce que

les

p lus grolfes n'excédent pas la grolfeur du poing.

Des que le terrein eíl: ainf1 préparé , on

y

feme de

l'épeautre q ll'on recouvrc avec la herle ,

&

l'on

y

fai t

pa!fa immédiacement le rouleau, !i

le terrein

&

le

tems font fecs; car

fi

!'un ou l'autre étoient humidc:s ,

il falld roit , pour ne pas pécri r la terre , différer mé–

me , s'il étoit nécelfairc , jufques au printems.

Al1 princems fuivant , avant que les plantes foient

en mouvement

1

on farcle

le

champ , ou

a

la place