ALE
'Les e;raees
de
fa
nouvelle époufe ne purent retenir
Jono-tems ce jeune prince dans l'oiliveté; la mer avoic
été
0
le
théácre
de .
fes exp!oics, il
y
reparut avec Alger
fon frere. La forcune ne carda pas
a
Jeur offrir une
occalion de
ftgnaler Jeur courage ; ils rencon¡rerent
)a flone des .trois fils d'HamUllcl, roi d'lln caocon de
la Suede. On fe batcic dt: pare
&
d'autn: avcc achar–
nemené ; la nuic fépara les combatcans fans qu'on eC¡c
pu décider de que! coté avoit penché la viétoire, Le
)endemain , chaque chef
s'apper~ut
que le combar de
la veil le avoir ft forc dirninué le noQlbre de fes trou–
pes . qu'il lu í reíl:oit
a
peine affez de monde popr ra–
mener la floree dans les porcs. On ne parla ·plus de
fe
bactre;
&
-l'ímpui{fancc; de faire Ja guerre pe
·¡¡
l'in–
{tanc !igner la paix aux deux partís, Alfan recourna
c:n Danemarck , auffi indigné de n'avoir pas gagné la
bataille, qu'un autre l'eOt
~té
(le l'¡¡voír perdlle,
I!
équippa une nouvelle flotte,
&
vint
attaql!er les prin–
ccs Suédois qui,
fe
ftant trop fur la foí des ·craicés ,
n'éEoient point préparés
a
I~
recevoir. Hehvin
&
Ha–
mund q ll'il rencontra les premiers , furent
les viéti–
mes de Jeur féc urii:é; mais
Hagber~
ayant appris la
défaite de fes freres ' vine fondre
a
fon tour fur les
Danvis
a
l'iníl:ant ou. chargés de butin, ils remon–
toienc fur leu rs vai!foaux. Alfen
&
Alger furenc faits
prifonniers dans cette occalion,
&
le
vainqueur les im–
mola fans pitié aux manes de f
es freres,
(
M. oe SAcv. )
ALFRED
LE
GRA.ND, (
fii.ft. d' d11gleterre.
)
L'an–
ctien Minos viv
oit encere ,
quand la reconnoilfance
publique
l11i décerna les honneurs de l'apothéofe : il
mérita fans doute l'effirne
&
la
vénération des Cré,
tois qu'il rendir heureux par fes· lois
&
par fes bien–
faics. Mais alors n'y avoit-il done q u'urr
flls-
de J upi–
ter qui put conl1:ruire des villes, les pellpler, en écar–
ter l'oiflveté, les vices, la volupté , le crime,
le
luxe
&
les
pl~ií1rs
?
Ca~
ce fue
a
ces feules in!litmions que
M inos, qui ne fut ni guerrier ni conq uérant, dut
le riere
fublime
&
ridiculement faíl:ueux de
jils dte
fauverain des
dicux.
Piinli, dans des tems poíl:frieurs, l'ora–
cle d'Apollon rendir pllbliquement hammage aux ver–
tus
de
Lycurgu.: , qu'il déclara
dieu piutót qu'homme,
pour avoir
a
quelques loix fages . mais impraticabks
ailleurs que dans la trille
&
févere Lacédémone ,
me–
lé des lois évicjemment contraires
a
la
pudeur •
¡¡
J ~
décence, des lois également défavouées par l'hum,ani–
té qu'el\es outrageoient , par la narure qu'elles offen–
foil·nt, & par la probiré l.a plus commune qu'elks
avi–
lilfoient. Licurgue cependant, qui ne fui:, ni
!;:
pl us
éclairé des
légi~lareurs
, ni
le meilleur des ciroyens ,
fut jugé digne du refpeé1: de la Grece
&
des éloges de
la pollériré. Toutefois cet hommc célebre are parcir fort
au-delfous
de
Numa;
de
Numa qui fue un grand roí,_
quoiqu'il n'elit de la royauté que les vertos poliriques,
dans un cems ou Reme naifün te, environnée de na–
tions j'\loules, avoit befoin d'un roi guerrier ; mais il
fue infpirer aux Romains encere indoci les, barbares,
l'amour de la j u!lice
&
Ja craince des dieux.
11
eíl: vrai
que , pour réuffir, il eut recours
a
l'impofture, & ce
mayen , qutlque fucces qu'il etit, dégrade un peu
I~
caraétere de ce législateur, qui , par les fréquens en–
tre1iens avec la nymphe Egérie, me parolt n'avoir cher–
ché qu'a couvrir du merveilkux l'iníuffifance ·de fes
lois. Si !'on trouvoic peu de jllíl:eJfe dans cts rétlexions,
&
que l'on me demandat que! a done été
a
mon avis le
plus illu!he
&
le plus grand des rois
?
que! a été le ph1s.
fa!?e & le pllls éclai ré d'entre les légiílateurs? Je nomme–
ro1~
/llfred ,
raconterois
fa
vie,
&
croirois n'avoi r ríen
a
dire de plus fur ces deux queíl:ions qlli
a
la vérité '· s'il
n'eíit tlOÍnt exiíl:é
1
me paroitioient de la plus épineufe
difficulté. Vainement j'ai confulté l'h i!toire des peuples
de l'antiqllité ; j'ai fouillé vainemcnt auffi dans
les
annales des nacions modernes ; je n'ai vu nulle pare
<le fouverai n. qui puiffe eñtrer en parallele avcc
4/fred,
foit relativemtnt
a
frs vertus guerric::res, foit relative–
mcnt
a
la profonde fagelfe de
fa
législation , foit en–
fm que l'on ne confidere en luí que _l'écendue de fon
A L E
263
é_rndirion
1
la variéré de fes talens ; fon gout pour la
lmérature , ou Ja folidité de fa philofophie, dans un
flecle
quine fue néann1oiris , ni celui aes fcien ces, ni
c,clqi
d.esbelles-lettres,
&
beaucoup moins encare ce–
)ui de
la philofophie. Ce qui ajoute encere
·a
la gloire.
d'
Alfre4 ,
C'eíl: q u'il ne dut qu'ii luí _méme ,
fa
valeur,
a
fon génie, l'éclijt de fos vié!:oires, l'i!luftrarion de fon re.
gne, le ·bonheur de fes peuples
&
les droits qu'il ac–
quit
a
l'immortaliré.
~elques
préfages en e!fet, qu'il
¡:lqnn~t
dans fon enfance, des grandes chafes qu'il pour–
roi¡ fiiire un jollr, Ethelwolí, fon pere, ne fongea
point
a
dévélopper fes talens par une éd\JC¡¡tion foignée.
Pans ces tems d'ignorance , les princes n'étoient ni
plus ni miellx iníl:ru i¡s que les particuliers;
&
ceux–
ci faifoient conlifter touces leurs connoi(fances
a
com–
bame ,
a
s'abandonner
a
leurs paffions.
&
fur-tollt
?t
relpeéter
les
pr
éjugés íl:upides qui gouvernoient la mu l–
titude. Le feu l
moy.enqu'Ethehvo lf employa pour in–
frruire
&
fon
ner fonfils , fut de l'envoyer
a
Rome,
foivi d'un cortege nombreux : car Reme étoit alors la·
feule
ville
o4 la lueu r des· lectres fe laiínt appercevoir
a
travers
le
voi!e épais de l'ignorance qui couvroit le
reíl:e de l'Europe,
./llfred
n'eut ni le tems, ni la liberté de 's'iníl:ruire
dans cette capitale. A peine il
y
fut arrivé, que le
bruic de la more d'Erhelwolf l'obligea d'en forcir; mais
avant fon départ, il fue contra int, par déférence, de
foulfrir que
le
Pape Leen
Ilf.
le facrac roí d'An–
gkterre , foit que par la foleinnité de cerce céré–
roonie , Léon
l!L
voullit donner au jeune prince des
marques diíl:inguées de fon affeé1:ion , foit, comme il
ea
p.lu~vraifemblablt: ' qu'il youlíit lui faire fentir que
c'ét
oitexclulivement au fouverain pontife qu'apparcCf.–
noit
le
droit de conféref les couronnes.
.dlfred
fe lai!fa
facrer , forcir de Rome, fe
ha~a
de revenir en Angle–
terre. trouva fon pere fur le tróne , continua
a
faire
Jes qéJices de la COU!'
&
a
vivre
Qa["\S
J'ignorance , j llf–
qu'a
e~
qu'un évi:neo1e(lt qu'i l
ne
prévoyoit pas, le
lit
rougir des jeux qui l'occupoient
&
de fon incapaci–
té. J:!co,Hant Un jour , la !eéture qu'on faifoit
a
la reine
fa
mere d'un poeme Saxen, la grandeur d'a ;ne des héros
qui ag_ilfoiem dans ce poeme , l'élévacion de léurs fen–
t1mens,
&
\eurs belles aétions k frllpper-enc , fon gé–
nie s'exalta; & fentaAt tout-a-coup fe dévélopper en'
Jui
les fentirnens génémix
&
fubliines q u'i l avoit re–
~11s
de
la nature , il promit d'égaler
&
de furpaffer me–
me les grands hommes que
Je
poece avoit propofés pour
model~s.
Fidde
a
fts· promelfes
&
enco,1ragé par la
reine • il apprit
¡¡
Jire; dévora ce
mfoie
poeme clone
la kél:ure avoit fait
~ant
d'impreffion Íl!r fon ame ,
étu–
dia !e latín,
8'
ne celfa d'e confu)ter
&
de méditer les
auteurs les plus célebres de l'antiquité juíqu'a ce que Ja
more d'Ethelwolf
fic
palfer dans fes mains
le fcepcre
britannique: digne de parcourir Ja brillante carriere
qui s'ouvroit devane lui,
Alfred
ne chéritoit point les
malheurs
&
les déf(llhes qu'il avoit
a
e!fuyer dans les
premieres
anné~s
de fon regne ; mais
a
p<ine il fut
monté fur le tróne, qu'il fe vit obligé d'aller délivrer
fes provinces du brigandage des Danois qui les _avoienc
envahics
&
qui les ravageoient; il remporta fur eme
d'écl atanccs viétoires ; mais l'inépuifable nord vomif–
fant continuellernent des elfaims de barbares, qui fe joi,
gnoient au rell:e des Danois échappés 11
la v::leu r des
Saxons , il vit bientot fon royaume hors d'état de ré–
fiíl:er
a
cem; foule de brigands qui l'attaquerent de
taus cotés,
Alfred,
d'autaot plus grand , d'autant plus intrepi–
de que le danger étoit plus preffant , ra(fembla tou–
tes fes forces ,
&
redoublan t d'aétivicé, Jivra hu ir ba–
tailles en une année, triompha coures les fois qu'il
combattic,
&
réd uifit fes ennemis
a
une tdle extré–
mité, qu'ils lui demanderent la paix ,
&
promirent
d'accepter rouces les conditions qu'il voudroit leur im–
pofer. Mais pendane qu'
Alfred
prenoit les plus fages
mefures pour mettre fin
a
ces
hoftilicés, il apprit qu'une
nollvelle arméc de Danois plus nombreufc que toutes