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ENE

dialogue entier. On croit que cette fiélion n'et1 fon–

dée que fur ce que

Endymion

fe retiroit fouvent dans

un antre qui étoit {ur une montagne de la Carie pour

aller obferver les moltvemens de la Lune,

&

que

eefi pour nous apprendre qu'il

y

méditoit conti–

nuellement qu on a dít qu'il dormoit toujours,

&

que la Lun e profitoit de ce fommeil pour le venir

émbraífer. Paufanias,

in Eliat.

parle autrement de

c:e prince.

<

La fable , dit-il, raconte qu'

Endymion

" Lt aimé de la Lune,

&

qu'il en ent cinqua nte fil–

'' les : mais une opinion plus probable, c'dl qu'il

>~

époufa Afiétodie, d'aurre difent Chromie, fille

'' d'l thonus

&

petite-fi lle d' Ampbiétyon , d'autres,

»

Hyperipn

1

,

filie d'

At

as ,

&

gu'il eut trois fils,

'~

p¿on, Epéus,

&

Etol

•S ,

&

une fille nommée

"

Eurydice...

Les Etéens

&

les

H

' racl o tes ne s'ac–

" cordent pas fur la mort d'

E n.iymion ,

e

r le Eléens

· ,, montrent fon t mbeau ddnS la

vill~

d'Oiympte,

&

>'

les

H

1

racléote qui font voifins de 'Vliiet , dtfent

>'

qu'

Endymion

f:: retira fur le mont La th 10s. En

" effet il

y

a un endroit de cette montagne que l'on

'' nomm encore aujourd'hui la

groue

cf

Endymion».

Les de.rnier

s

paro les de Pau(anias font croire qu'il y

a eu deux

Endymions,

l'un roi d'Elide,

&

l'autre ce

beau berger de Carie. (

+)

ÉNÉE, (

Mytlz.)

fils de

V

énus

&

d'

Anchife, étoit

du

fang royal de Troye par Affaracus, fils cadet de

. Tros, fondateur de Troye.

V

énus avoit eu ce fils

d'Anchife, lorfqu'il paiífoit les troupeaux de fon pere

fur le mont Ida. Durant le íiege de froye,

Enée

{e

battit contre Diomede,

&

alloit fuccomber, lorfque

V

énus le déroba·

a

la vue de fon ennemi,

&

le mit

entre les mains d'Apollon, qui l'emporta au haut de

la citadelle oi1 il avoít un temple, panfa lui·meme

fes plaies;

&

apres lui avoir rendu toutes fes forces,

&

infpiré une valeur extraordinaire , il le fit repa–

roitre

a

la tete de fes troupes.

Enée

fe battit encore

contre Achille. Le combar, dit Homere, fue long

&

douteux:

a

la fin le prince Troyen alloit fuccomber,

lorfque

N

eptunc,

a

la

pnere de

V

énus, l'enleva du

combar. La nuit de la prife de Troye ,

Enée

entra

dans la citadelle d'llium,

&

la défend it jufqu'a l'ex–

tremiré; enfin ne pouvant la fauver, il.fortit la nuit

par une fauífe porte avec tout ce qu'il

y

avoit de

Troy ns renfermés avec lui ,

&

fe battit en retraite

.jufqu'au mont Ida ; Otl ' s'étant joint

a

ceux des

Troyens

qui

avoiem échappé de l'embdlfement, il

raírembla une flotte de vingt vaiífeaux, fur laquelle

il

s'embarqua pour fe

tr~nfporter

ave,c fa.

co~onie

en

ltalie. Le

po e~e

de

V~rg:le

a

tout-~a-~alt retab~ 1

l.a

réputation d'

Enee

,que b1en des gens eto1ent fort elot–

cnés auparavanr de regarder comme un héros; on le

~egardoit,

au contraire, ainú qu'Anténor, comme,

un malheureuxqui avoir livré fa patrie aux Grecs. En

effet _, ét:oit-il poffible que, fans quelqu'intelligence

avec les Grecs, mairres du pays, ces deux hommes

euífent pft, en paix,

équip~r de~ ~aiífeaux· fou~

leurs

yeux

~our

fe retirer en ltahe.J? allleurs on a dtt qu"e

l'ón m1t des gardes daos les ma1fons de ces deux trai–

tres, qui ne furent point pillées ,

&

que, quand on

partagea les dépouilles, on leur rendit tour ce

qlli

.leur appartenoit,

&

que ce fut

par-l~1

qu'

Enée

fe vit

poífeífeur

d~ P~lladliu~

9u}il

.a~parta

en. Ita;.ie.

fné~,

d'ailleurs, eton mepnfe de Pnam, quo1qu 1l fut fon

gendre ;

&

ce fut une raifon de

fa

trahifon ; il vou–

lut

fe venge.r: quoi qu'il en foit,

il

arriva en Italie,

apres fept ans de navigarion,

&

fut bien re<_;:u de La–

tinus, roi des Aborígenes, qu{ s'allia avec

Enée,

&

en fi.t fon gendre

&

fon fucceífeur.

E née ,

apres la

mort de Latinus , régna fur les Troyen

&

fur les

Aborígenes, qui ne fireot plus qu'un meme peuple,

fous le nom de

p euple Lat'i.n.

Il

eut des guerres

~

fou–

tenir contre fes voifins;

&

dans un combat contre

le Etrnriens ,

il

perdit la via , agé feulement de

/

ENF

8o

38

~ns. Có~me

on ne trouva point fon corps

J)

on d1t que Ven\ts, apres l'avoir purifié dans les eaux

du fleuve

Nu~ucus,

ott

i~

s'étoit noyé, l'avoit mis

a

u rang des D1eux. On lUI éleva un tombeau fur les

bords du fleu

ve,

&

on lui rendir dans la fuite les hon–

neurs divins fous le nom de

lupiter

I ndigete.

Viroile

dit

qu'Enée,

en arrivant en

Itc~.lie

alla

confult~r 1~

Sibylle de Cumes, qui le

conduifi~

dans les enfers

&

ddns

1

s champs élyfées, ott il vit rous les héros

Tr?yens,

&

fon pere qui !ni apprit ce qui devoit

arnve~

a toute fa pofiérité: épifode de l'invention

du

po~te .

Les hiitoriens rapportent un autre fait

merv e1lleux :

Enée

avoit eu ordre de l'oracle de

s'arreter en ltalie,

a

l'endroit Oll une truÍe blanche

~

.trroi,t bds

_fe~

pt Fits:

lorfqu~it

y fut arrivé, comme

1l

íe preparo1t a otfrir une rruie en facrifice ; la bete

s'

1

chdppa des mains des facnficateurs

&

s'enfuit du

"

1

d 1

1

'

co e e

a

mer:

Enee

fe {ouvenant de l'oracle

la fui-

vJt, jutqu'a ce qu 'elle s'arre'ta dans un Iieu fdrt éle–

vé, d'oü

il

entendit une voíx fortant d'un bois voi–

fi~

, qui

lu~

dit que c'étoit-la qu'il

evoit batir une

ville,

&

qu'apres y avoir demeuré utant d'années

que la truJe auroir fait de petits, les defiins lui don–

ner,?ient

u?

.étab li~ement

plus confidérable.

Ené~,

obeit ,

&

bat1t la v1lle de Lavinium.

H

y a fur

Enée

~me

autre tradit10n, appuyée fur d'aífez forres con–

¡eétu res'

&

fur le témoignage de plufieurs rufroriens–

c'eft

que

la

ville de Troye ne fut point détruite

~

qu

Enée

la garantir dn pillage

&

dn feu, s'il ne

l~

livra pas lui-meme aux Grecs,

&

qu'il y rég

fort

lo~g-tems,

comme Homere, Ionien d'origine,

&

VOlhn des Troyens' le fait prédire

a

N

eptune ,daos

l'Hiade; paree que, du tems de ce poete, la pofré–

rité

d'Enée

r 'gnoir peut erre encore fur cette ville,

&

qu'il vouloit

hti

etre agréable ' en faifant prédire all

dien de la mer ce qu'il

voyoit

de fes propres

yeux. (

+)

ENF

ANS

SANS SOUCI, (

Hijl. mod.

)

fociéte

íinguliere formée

a

l'exemple de la mere folle ou in–

fanterie Dijonnoife, vers les commencemens du rc–

gn.e de

~~a~les

y1,

~ar

quelques, jeuh€S gens de

fa–

mille qu1 J01gno1ent

a

beaucoup d education un grand

amour pour_les plaiíirs

&

!e

.morens de fe les pro–

curer. Ces ctrconfrances reu n1es, 1l ne pouvoit

mar..~

qner d'en nairre quelque chofe de fp trituel , auHi

donnerent· t elles lieu

a

l'idée badine' mais morale,

d'une. principauté. érablie fur les défauts du genre..

humam, que ces JCunes gens nommerent

jottije,

&

dont l'un d'eux prit la qua lit' de

prince.

Ce

prince des

fot.s ou

de

la jottife

,

marchoit avec une efpece de

capuchon !ur la rete,

&

des oreilles d'ane : il faífoit

tous les ans une entrée

a

París, fuivi de tous fes fujets.

Cette

plaií~mterie,

dit l'aureur

du

Thédtre Fran-

9ois,

éto1t neuve,

&

les moyens qu'on employa

pour la faire connoitre, ne le furent pas moins.

Nos

philofophes enjoués invent<>rent , rnírent au JOUr

&

repréfenterent eux-mémes aux halles

&

fur des

échaffauds en place publique des

ieces dramati–

ques, qui portoient le nom de

fotti{e,

qui en effet

peignoient celles de la plupart des hommrs. Ceba–

dinage paffa de la ville

a

la cour,

&

y

fir

fortune. Les

enfans fans fouci

(

car c'eíl: ainfi qu'on nomma ces

jeunes gens, lorfqu'ils parurent en pub11c), devin..

rent

a

la

m

ode. Charles VI accorda a

u

prince des

fots

,

des patentes qui confirmerent le tio·e qu'il

avoit

re~u

de fes camarades. Cette premiere foci 'té

fe renferma dans de jufies bornes; une critique fen–

fée

&

fans aigreur, tonftirua le fond des pieces

qu'elle donna, mais.

c~rte {a~e,attention

eut un court

ei¡)ace. La guerre ClVIle qlll s alluma en France ,

&

dont Paris reífentit les plus cruels effets, occaíionna

du reUkhement dans la conduite des

enfans fans fou_–

ci

&

cette fociéré devint celle de tous les fain lans,

&'de tous

les liberrins

de la

ville.