CHA
nouveau cesbarreaux. Cet nfage efr meilleur que celui
de confi:ruire, comme
a
Valenciennes
&
ailleurs ,
un grillage dormant, qui gene fouvent la chute de
la chaux, plie fous le fardeau des pierres,
&
occa–
iionne des dégradations au four. •
De la tendrée.
Le cendrier s'engorge de tems en
tems par les cendres de la houille qui s'y amaífent,
fur-tout dans les intervaHes entre les gueules,
&
emp~chent
la chute de la chaux. Le
clzaufoumier
met foigneufement ces cendres
a
part : elles font
melées de beau oup de menus morceaux de chaux,
qui, avec les fels fixes de la houille, les rendent
propres
a
faire un excellent mortier fuffifamment
connu fous le nom de
cendrée.
Comme on ne veut
point en perdre, on fe fert aux grands fo1<us d'une
pelle percée de trous
a
paífer le bout du doigt' pour
tirer la chaux du four,
&
on en fait tomber toute la
cendrée fur un tas particulier, avant de mertr,e la
chaux dans les mannes pour la tranfporter. Cette
cend.rée efi efiimée pour enduire les citernes , les
caves,
&c.
meme quoiqu 'e
U
e provienne de fours
oit la cbaux faite de pierres blanches efr de peu de
qualité' au lieu que les cendres des fours
a
chaux ou
l'on brule du bois, ont été reconnues ne rien valoir
dans la batiífe.
Il
fort des fours a la houille a-peu–
pres une mefure de cendrée contre deux mefures de
chaux;
&
elle fe vend en plufieurs endroits, au
moins moitié du prix de la cbaux.
Des déchets Jur la chaux de ces fours.
Les
clzau–
fourniers
domefriques, qLÜ ne tra vaillent pas pour
vendre la chaux, ont encore foin de rrier au fortir
du four tons les morceaux qui contiennent de la
pierre non calcinée; l'habirude la leur fait connoitre
a
l'reil,& jamais ils ne s'y méprennen.t au poids. Ils les
amaífent aupres du four, les arrofentd'un peu d'eau,
&
en retirent tous les noyaux pour les remettre au
four. La plupart d'entre eux rejettent auffi comme
déchet, les roches du four, qu'ils appellent la
chaux
brúlée.
Dans la chaux qui fe vend, on laiífe toutes
ces non-valeurs, ainfi que celles dont le fabricant
rneme auroit peine
a
fe garantir' qui font les veines
de boufin, ou autres matie res non calcinables, qui
font fouvent melées avec la pierre'
&
qu'il feroit .
que1qliefois trop coftteux d'en vouloir féparer.
Par ce moyen, il n'y a pas de déchet pour les
chaufourniers
marcbands fur la pierre dure qu'ils
convertiífent en chaux: la toife de cette pierre leur
rend au moins une toife de cha ux en menus mor–
ceaux. Le déchet tombe en· entier fur les gens qui
l'achetent
~
&
e~ proportionn~
a,
la bo?ne foi du
chaufourmer
qut peut
r
avoa· epargne
p~us
_ou
rnoins la houille
&
fes foms. Quand on la fatt fa1re
fous fes yeux fur les carrieres, en choifiífant toures
pierres vives
&
bien nettes,
&
ave e une économie
bien entendue, il n'y a non plus aucll:n déchet
~ p~r
tont ailleurs,
&
en paífant par les mams de commts,
on dott compter íur une diminutíon de la pierre ,
que j'e.fiime d'un vingtieme
a
un quinzieme fur ron–
tes les efpeces de pierres dures que j'ai vu cal–
ciner.
D u rendage
,
ou produit de ces fours en chaux.
Lorfqu'un tel four efr bien allumc,
qu~ ~a ~ouille
eíl éoale ou homogene,
&
de bonne quahte, 11 peut,
par
~m
tems favorabl_e, p;oduire
~~~que
jou_r en
chaux de pierre dure Jufqu_a la mome. de la
pte~re
dont il eílchargé: quelquef01s fon prodmt ?e va quau
tiers;
&
fi la houille efi de peu _de force ,
t1
rend en–
cere moins. Un four de 6oc pteds cubes peut done
:(ournir communément 16
20
pieds cubes de chaux
par femaine de fix jours de travaíl,
&
expédie beau–
coup plus qu'aucun de ceux
a
grande flamme.
J'ai remarqué que les fours coniques du pays de
Liege, donr l'entonnoir a ordinairement quarante
a
suarante-cinq pow;es de diametre par le bas' con–
Tome 11,
C HA
379
fomment plus
~e
houille que ceux de Ia Flandte
&
ne
rende~t paqo~..1r,
réduétion faite, qu'un cinqui;me
de ce cp.uls conttennenr. Cette obfervation 1·ointe
\ 1 '
.tr..
f
fi
1
d
'
a a
necen~t~
requente .e
go~verner
le tirage ou
c~urant
d atr
~u
four , me fatt
.croir~
qu'ils fon
m1eux confirmts lorfque cet onfice mférieur
n;a
qu'environ vingt-quatre pouces de diametre.
Des hommes nécef!aireJ
a
ces fours.
Un feul
chauo
fournier
avee douze o
u
quinze hommes, peut con–
duire
a
la fois trois de ces plus grands fours' dont
i1
ne
fait
que les charbonnées ,
&
commande toutes les
aun·es manreuvres; mais
il
faut que la pierre ait été
to~tte
brifée , ou qu'il y occupe encore douze ou
qumze enfans,
&
illui faut fur chasue four au moins
1
oo mannes toujours pleines d ierres, pour que
rien ne languiífe. Trois hommes fuffi.fent en tout
pour un petit fonr bourgeois.
1
Con(ommation de la lzouille pour ces fours.
La pro .;;
portioo réduite entre la pierre dure
&
la houille né ....
ceffaire pour la convertir en chaux, me paroit etre •
de 6o
a
6 5 pieds cu}?es de houille par toiie cube de
pierres du toifé des carrieres. Malgré l'obfcurité que
tous les
chaufourni ers
tilchent de répandre fur cette
confommation, j'ai reconnu que certaines pierres
exigeoie·nt jufqu'au tiers de leur cube d'une meme
houille, dont cl'autres pierres ne demandoient qu'un
fixieme, quoique ces deux extremes m'aient paru
ra-res. Dans les houillieres du pays de Liege
&
du
Hainaut , on diüingue deux qualités de houille,
dont la moindre fe nomme
houiLLe
a
chaux·
&
a
bri–
ques:
mais différentes épreuves me font penfer que
la houille la plus aétive n'efi: pas dangereufe au fucces
de la chaLTx comme elle l'efi dans les foürneaux
a
briques. Les eífais de
f.1
qualité peuvent fe faire d'au·
tant
r
plus fflrement dans chaque province
par
les
_chaufourniers'
qu'il me paroit n'y avoir rien
a
crain·
dre dans ce four de la part d'un exces de fe u' comme
on le verra plus bas.
De la dépenfl pour,fabriquer
la.
chaux dans ces fourso
Les prix courans en
176
5 , aux fours
a
chaux da
Boulonnois , font:
Pour une toife cube de pierre tirée
de la carriere , . • • • • • • • •
4
liv.
1
o
fo
Pour la brifer en éclats, • • • . • 6 liv.
Pour la brouetter au four, . • •
1
liv.
Pour 66 pieds cubes au plus de
houille '
a
7 fols' . . . . . . . •
2.
3 liv.
2. {.
Pour la main-d'reuvre de la calcina-
tion, • • • • . • • • • • • • • . 9 liv.
Total pour une toife cube de pierres
calcinées. . • . . • . • ••••. 4 3 liv.
12
f.
En fuppofant' qu'elle ne produisit que
200
pieds
cubes de bonne chaux triée, elle
re~iendr01t
a
4 fols
le pied cube.
Cette chaux fabriquée
a
Gravelínes, Dunkerque
&
Bergues, avec l
s
memes matieres,
y
cofue en–
viren
1
o fols le pied eube , fans y comprenclre la
confrrutl:ion ou le loyer des fours ; & comme les
bois n';r font pas au.deífous de 35 liv. la corde, mais
fouvent plus chers, elle y reviendroit au moins
~
20
íols le pied'
fi
on la fabriquoit
a
la grande flamme.
Charge
&
conduite de ces fours en pierres tendres.
Si c'eíl en pierres tendres que l'on charge ces fours,
on peut en généralles calc:iner en plus gros mor–
ceaux que la pierre dure,
&
faire les charges plus
épaiífes. Il fe rencontre des carrieres donr la pierre,
quoique tendre ' réfifre beaucou p
a
la calcination'
lorfqu'elle efi refrée long-tems
a
l'air'
&
fur-tout au
foleil. Les
chaafourniers
,
bien moins curieux de
favoir fila chaux n'en feroit pas meilleure que d'y
dépenfer moins de houille, ont foin de la mettre au
four tout le plutot qu'ils peuvent apres fon. extrac–
tion de la carriere ;
OL\
bien ils l'arrofent, amfi q,ue
Bb b
ij
•