CHA
flnople nafjfanus
,
Jix aux cótés de chaque ckaudiert.
(
G. D. L. T.)
CHAUFOURNIER, f. m. (
Arts Méchaniq.)
c'efi
celui qui entend
&
pratique l'art important de con–
vertir en chaux, par le moyen du fe u
&
dans des
fourneaux, les pierres qui en font les plus fufcepti–
bles. Le choix des pierres , la confiruttion la plus
favorable des fourneaux , la conduite la plus pru–
dente du feu, font les trois parties principales de cet
art, auffi ancien que la confiruétion des éclifices
&
des villes.
On difiing!.te les pierres
a
chaux les plus convena–
bles, paree qu'elles ne donnent pas de fe u, étant
frappées avee l'acier; elles font attaquées avec effer–
vefcence par les acides, comme les fels alkalis. Ces
acides peuvent les diffoudre,
&
elles font précipitées
par les alkalis: réduites en chaux, elles deviennent
plus folubles par les acides; la terre, dont elles font
compofées, eft alkaline. (
Lithogéognojie
de Pott,
chap.
1.)
Les pierres
a
chaux fe trouvent dans tous les
pays, par couches, par hanes , ou détachées ·, o u
roulées. Leur couleur varie autant que leur grain
&
leur compofition. L'expérience a appris
a
tous les
ouvriers,
a
les reconnoitre ,
&
ils préferent celles
qui font les plus
a
leur portée. La proximité de la
pierre
&
celle des matieres combufiibles que l'on
emploie , combinées enfemble , décident done de
l'emplacement des fourneaux. En général, les pier–
res
a
chaux les plus vives , les plus compaél:es, les
plus dures , celles qui font tirées du fond des car–
rieres,
&
non de la furface, font d'ordinaire la meil–
leure chaux. La pierre la plus clifficile
a
calciner fait
auffi la chaux la plus parfaite. La chaux de la Lor–
raine eft une des meilleures efpeces, elles fe durcit
plus vite
a
l'eau qu'a l'air;
&
la pierre que l'on em–
ploie , eft d'un bleu foncé , tendre au fortir de la
carriere,
&
s'exfoliant a l'air
&
au gel. La plupart
des marbres font une bonne chaux; avec le noir on
fait de la chaux fort blanche; avec le blanc, on fait
de la chaux d'un blanc éclatant. Les pierres ou l'on
trouve des coquillages pétrifiés, font communé–
ment tres propres a faire de la chaux. On fait auffi ,
pres des mers abondantes en coquillages, comme en
Hollande, & ailleurs, la chaux avee ces coquilles cal–
cinées: la chaux en efi tres-blanche. On tire mcme
du fein de la terre , loin des mers, en divers lieux ,
des coquilles de mer enfevelies , dont on fait de la
bonne chaux. On fait
encore dela
chaux avec les
pierres d'une marne endurr.ie
&
pétrifi.ée, avec
une efpece de pierre crétacée; avec une forte de
limon pétrifié,
&c.
En un mot, toute pierre alkaline
&
calcaire peut devenir de la chaux par un feu fuffi.
{ant, conduit felon les regles de l'art.
On fait de la chaux a
ve
e toutes fortes de bois,
mais plus facilement ave e les bois qui font une belle
flamme : les bois blancs font tres-propres
a
cela. On
emploie auffi la tourbe, le charbon de terre ou la
houille; fouvent auffi' dans les memes fours' conf–
truits dans cette vue' on fait en meme tems la cpaux
&
la brique , ou la tuile.
On place les fourneaux, autant qu'on le peut,
fur-tout lorfque l'on travaille en grand, fur un tertre,
afin que creu{és on p1.úífe avoir acces au pied
&
au
fommet
avec
tacilité.
En général , le feu eft dirigé de deux manieres
dans les haux-fours, felon les matieres combuíli·
bies,
&
les pays: quelquefois on fait une vive flam–
me, fous une malfe de pl:erres foutenue; c'efi fur–
tont lorfque l'on emploie du bois , des broífailles,
des brnyeres,
&e,
D'autres fois on fait un fe u moins
fl
mblant; c'efi lorfque l'on entremele par couches,
ave e les pierres, le bois conpé, le charbon de bois,
la tourbe, la houille,
&c.
La difpofition
&
l'arran–
oement des fours efi différente, felon que l'on fe fert
CH
7
d\m
feu plus ou moins flambant
&
dans ce cas
il
faut un foy:r ; ou bien ,
.fi
on
f~it
ufage d'un p;tit
feu, les matler s combuíhbles font firatifi.ées avec
les pierres.
M.
Fourcroy de Ramecourt, dans l'art du
Chaufour–
nier,
qu'il a décrít
&
publié en
1766 ,
efr entré dans
tous les détails néceífaires fur la confiruél:ion
&
la
conduite des fours de divers pays. 11 décrit h.s fours
ellipfo!des de Lorraine
a
grande flamme'
Otl
l'on fait
la chaux apre' qui fe durcit le plus promptement ;
les fours
a
chaux cubiques d'Alface, auffi
a
grande
flamme. 11 donne enfuite la conftruB:ion des fours de
la feconde efpece'
a
petit feu' qui font
~n
pyramiA
de, ou en cone renverfé,
&
que l'on emploie aufli
en Flandre
&
en diverfes provinces de France ; des
fours en demi-ellipfoide renverfé ' que l'on fait
a
Tournai
&
ailleurs; des fours cylindriques, ou l'on
fe fert du charbon de bois. I1 détaille auffi la conduite
des fours coulants, c'eft-a-dire, dont on n'éteint
point le feu, tant que dure la tabrication de la chaux
&
le four: on en tire la chaux par le pied'
a
mefure
qu'elle fe fait, en rechargeant d'autant le four par
fon fommer.
Nous ne fuivrons pas cet auteur dans tous fes dé–
tails; nous nous contenterons de donner ici la fe ule
defcription de la méthode qu'il juge etre la meilleure.
Fours en
cóne renyerfé.
Tous les fours
a
chaux font
femblables fur la baffe-Meufe , l'Efcaut, la Scarpe,
la Lys , dans la Flandre maritime,
&
le Boulon–
nois : ils ne differenr que par leur grandeur
&
quel–
ques acceítoires,
a
l'exception de ceux de Tournai,
dont je parlerai en particulier. On fait aux memes
fours dans toute cette étendue de pays, de la chaux
de pierres dures, emmarbrées quand on peut fe les
procurer ,
&
de la chaux de pierres blanches
&
t<mdres qui s'y trouvent prefque par-tout. Ce font
encore les meme.s fours qui font en ufage a Vichi,
a
Lyon,
Acad.
IJ61
,
p.
18.5,
en Dauphiné ,
&
en
plufieurs autres provinces de France.
Dimenjions
&
conflruélion
de
ces
fours.
Le vuide
o u intérieur de ces fours eft un entonnoir: en Flan–
dre on lui donne vingt
a
vingt·huit pouces de diame–
tre par le bas.
Voye{
L'
art
du
Chaufoumier,
pl. 1
&
JI,
figures
1
,
4,
.9·
Le diametre augmente de quatre
a
neuf pouces par pied de hauteur du four, jufqu'a ce
que l'axe ait acquis une hauteur proportionnée
a
l'exploitation qu'on fe propofe: un perit four s'éleve
jufqu'a fept ou huit pieds de hauteur,
&
peut avoir au
fommet cinq
a
fix pieds de diametre ; au lieu qu'un
grand s'éleve jufqu·a quinze
&
feize pieds,
&
aura au
íommet de huit
a
dou ze pieds de largeur d orífice. Ailw
leurs on leur donne pae le bas jufqu'a pres de cinquante
pouces de diametre. On fait done de .ces fours
a
chaux
qui ne contiennent qu'environ foixame-quinze pieds
cubes de matiere
a
la fois pour des particuliers qui
veulent ba rir ,
&
d'autres quien contiennent jufqu'a
fix cens
pi ~ds.
On joint auffi plufieurs de ces derniers
enfemble pour les entreprifes de grande confomma–
tion. Les proportions de tous ces grands
&
petits
fours , ne paroiífent déterminées que par le caprice
&
les idées parriculieres a chaque
chazifoumier '
ou
meme au mas:on qui les confiruit. Le plus ou le moins
de talut a donner au pourtour de l'entonnoir' depuis
denx jufqu'a quatre pouces
&
demi par pied de hau–
teur, dépend
un~quement,
dit le
m~s:on,
de la foli–
dité plus
ou moms grande du terrem fur lequel on
établit le
four.llfaut plus de tahtt file foncl n'efi pas
ferme;
{i
les cotés .étoient moins inclinés que d'un
fixieme de leur hauteur, la maífe de pierre dont le
four fera rempli , tomberoit trop promptement au
fond,
&
y forme roit un poids capable d'ébranler
l'éclifice . Si le four, felon les
ch.aufourniers ,
efr trop
évafé, le feu ne peut en atteindre les bords. Il
y
a
lieu de croire que ces diverfes prétentions ne font